Un constat fut partagé par tous les
intervenants : la transition énergétique n'est plus une
option, mais une nécessité pour de multiples raisons (le coût
croissant du fossile impliquant un déficit de balance commerciale et
une précarité des ménages, le risque du réchauffement
climatique). Cette transition prendra deux formes : d'abord des
économies d'énergie (de l'ébriété à la sobriété), dans le
domaine notamment du transport et du chauffage ; ensuite une
production d'énergie diversifiée accordant une part croissante aux
sources renouvelables.
Bourgogne : 2 à 3 MW de micro-hydraulique d'ici 2020
En Bourgogne comme ailleurs, ces
sources d'énergie renouvelable sont multiples : l'éolien, la
biomasse (bois, déchets, biocarburants, biogaz), le solaire, la
géothermie et bien sûr l'hydraulique. Le Schéma
régional Climat, air et énergie (SRCAE) a été présenté :
cet outil directeur à échelle de la région permet de dessiner les
énergies à développer à horizon 2020 (23% de renouvelable dans le
mix énergétique), puis 2050 (division par 4 des émissions carbone,
donc de la part fossile du mix).
Pour la petite hydraulique telle que
nous la promouvons en Auxois-Morvan, le SRCAE prévoit 2 à 3 MW
supplémentaires de puissance d'ici 2020 (2,5 MW et 5 GWh en
hypothèse moyenne), auxquels s'ajoutent l'amélioration des
installations existantes (54 à 57,5 MW, gain de 4 GWh). Sachant que
les équipements ont une puissance modeste, cela représente
plusieurs centaines de moulins ou anciennes à usines à développer
rapidement. D'autant plus rapidement que la complexité règlementaire
des projets hydro-électriques imposent plusieurs années entre la
décision de produire et le premier kWh produit. Plusieurs élus ont
d'ailleurs signalé lors des débats que cet objectif
hydro-électrique demandait une conciliation urgente avec la
continuité écologique telle qu'elle est actuellement défendue par
les Agences de l'eau et par les représentants de la DDT et de
l'Onema. L'association Hydrauxois s'est ouvert du problème à M.
François Bellouard, directeur études et projets de la DREAL
Bourgogne, et a sollicité une réunion de travail à ce sujet.
Le cadre de la transition énergétique
ne se limitera pas au SRCAE. Le Conseil général de Côte d'Or (sous
la responsabilité de M. Jean-Noël Thomas et avec l'agence Auxilia)
prépare actuellement un Plan
Climat Energie Territorial (PCET) à l'échelle du département,
tandis que le Siceco, sous l'impulsion de son directeur général
Jean-Michel Jeannin et avec l'agence Energies Demain, publiera en
2013 également un Schéma énergétique départemental.
L'association Hydrauxois travaille dès à présent à une
contribution sur la place de la micro-hydraulique dans ces
dispositifs départementaux, car le potentiel de cette énergie est
difficile à appréhender avec les outils classiques de modélisation
énergétique.
Les collectivités locales aux avant-postes
Au plan national, et non plus local,
ces réformes en cours se déroulent à l'horizon de deux lois très
importantes : l'une sur la décentralisation, l'autre sur la
transition énergétique. Un grand débat sur l'énergie aura lieu
entre décembre et avril prochains. Ces lois vont repréciser le rôle
des collectivités locales dans la transition énergétique :
les collectivités maîtrisent aujourd'hui les réseaux (dont elles
sont propriétaires sur leurs territoires), mais elles devraient
acquérir un rôle croissant sur les postes de production d'énergie
et de maîtrise d'énergie. Le cas du parc éolien et des chaufferies
bois du Pays
de Saint-Seine (Catherine Louis) a permis d'illustrer cette
évolution, de même que les exemples de montages en sociétés
d'économie mixte présentés par Sergie (86) ou le Syndicat
intercommunal d'énergie, d'équipement et d'environnement de la
Nièvre (SIEEEN, 58).
Le bilan de ces premières Assises de
l'énergie est donc très positif. Les acteurs locaux ont une claire
conscience de la nécessité de développer toutes les énergies
renouvelables du territoire, et aucun n'envisage de se priver de la
contribution hydraulique dès lors que celle-ci assure sa
compatibilité avec la continuité écologique.
Une cohérence nécessaire du discours public
Il reste néanmoins un problème de
cohérence à résoudre, car les Agences de l'eau et l'Onema tiennent
aujourd'hui un discours de terrain poussant à l'effacement des
obstacles à l'écoulement plutôt qu'à la modernisation
énergétique-écologique des moulins et des anciennes usines.
Ce
choix n'est évidemment pas viable au regard de la transition
énergétique, puisque l'effacement de l'obstacle équivaut à la
disparition du potentiel d'énergie hydraulique. Et ce dernier n'est
pas négligeable. Pour la seule ville de Semur-en-Auxois, que notre
association a bien étudiée en raison des circonstances de sa
naissance, l'équipement du barrage communal et des seuils privés présents sur
l'Armançon pourrait par exemple représenter près de 300 kW de
puissance cumulée, soit (en tenant compte du facteur de charge
hydraulique) l'équivalent de la consommation électrique totale de
plus de 120 foyers.
On voit donc, concrètement, ce que peut apporter
la micro-hydraulique à la transition énergétiques de nos
territoires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire