Le bassin hydrographique Loire-Bretagne
a tiré le premier : le 10 juillet 2012, le préfet du Loiret a
publié le nouveau classement des rivières (voir cet
article pour comprendre les enjeux). La réponse n'a pas tardé : la Fédération française des Associations de sauvegarde des moulins, puis le syndicat de producteurs France Hydro Electricité, qui représente
les petites centrales hydrauliques, ont saisi le tribunal administratif
d'Orléans pour une demande en annulation du classement (communiqué
FHE, pdf). Cette demande est motivée par l'article 211-1 du Code
de l'environnement, qui impose une « gestion équilibrée et
durable de la ressource en eau ». Le classement des
rivières introduit un déséquilibre manifeste puisqu'il contrevient
à deux orientations de même
article de loi : « la
valorisation de l'eau comme ressource économique et, en particulier,
pour le développement de la production d'électricité d'origine
renouvelable ainsi que la répartition de cette ressource ; la
promotion d'une utilisation efficace, économe et durable de la
ressource en eau ».
Ainsi,
sur le bassin Loire-Bretagne, un potentiel de développement
hydro-électrique de 390 MW avait été identifié par l'étude
UFE 2011.
Or, le classement en liste 1 de la majorité des rivières de ce
bassin bloquerait le développement de 308 MW, soit 80% du potentiel.
Autant dire que l'énergie propre, durable et compétitive des cours
d'eau de Loire-Bretagne sera réduite comme une peau de chagrin.
On
pourrait objecter que ce blocage vient de la mauvaise volonté des
producteurs, indifférents à l'écologie des rivières. Mais France
Hydro Electricité avait pourtant signé en 2010 la Convention
pour le développement d'une hydro-électricité durable, sous
l'égide du ministère de l'Ecologie. Les parties prenantes
s'engageaient à de nombreux efforts pour moderniser les petites
centrales hydrauliques et notamment les rendre conformes aux besoins
de continuité écologique (transit sédimentaire, franchissement
piscicole). Il est donc faux de prétendre que les petits producteurs
d'hydro-électricité sont indifférents aux enjeux de qualité
physique, chimique et biologique de l'eau : ils en sont au
contraire les acteurs de terrain.
Cet
effort, représentant des coûts importants, a-t-il été consenti en
vain ? Le ministère de l'Ecologie, du Développement durable et
de l'Energie persiste dans une logique maximaliste. Et, surtout, une
logique aberrante.
L'immense
majorité des chercheurs considère aujourd'hui que la menace n°1
sur la biodiversité (y compris aquatique) réside dans l'altération
massive du cycle du carbone et les changements climatiques qu'elle
induit. L'immense majorité des spécialistes de l'énergie considère
que la transition vers des énergies non-fossiles demande de
mobiliser l'intégralité des ressources renouvelables, et
particulièrement les productions électriques qui seront de plus en
plus nécessaires pour remplacer les systèmes thermiques à
combustion. Quant à la qualité biologique des rivières, les
différents indices pour la mesurer (IBGN,
IBD, IBMR...) sont essentiellement sensibles aux pollutions
(effluents agricoles, industriels et ménagers.) Rappelons par
exemple que la France est poursuivie
par la Cour de justice européenne pour son manque d'entrain à
appliquer la directive nitrates.
Il
est donc incompréhensible que le ministère de l'Ecologie valide
aujourd'hui des arbitrages erronés et hérités du précédent
gouvernement, dont chacun sait que le Grenelle fut finalement un
saupoudrage de mesures éparses, souvent symboliques, sans cohérence
de fond et sans compréhension réelle des enjeux à long terme du
développement durable. Combien de conflits juridiques et de
batailles procédurières sur la continuité écologique appliquées
aux rivières seront nécessaires pour faire prendre conscience du
problème et faire entendre raison aux décideurs ?
France Hydro Electricité n'est pas seul à avoir déposé un recours au Tribunal administratif:
RépondreSupprimer. L'association Vègre, Deux Fonds, Gée (AVDFG)située en Sarthe a déposé un recours contre le classement des rivières en liste 2.
. FFAM a saisi le TA contre le classement des rivières en liste 1 et 2.
Le pdt de AVDFG: pierreantoine.dechambrun@gmail.com