02/09/2015

La vallée du Brevon, patrimoine et paysage menacés

Ci-dessous, quelques visages de la vallée du Brevon, où l'on reconnaît les zones humides à l'amont de la pisciculture de la Chouette (en partie créées par ses seuils de retenue), les ouvrages métallurgiques et hydrauliques de Rochefort (fenderie, forge du bas, étang du haut), la maison de Broissia (style industriel du XIXe siècle, à l'endroit d'un ancien château du XIIe siècle). Un patrimoine et un paysage superbes en tête du bassin de la Seine, aujourd'hui menacés par les réformes de continuité écologique. Le prétexte est que ces cours aménagés par l'homme ne présenteraient pas la "bonne" biodiversité, celle que réclament des "biotypologies" calculant par A+B quels quotas exacts de poisson on attend sur chaque mètre carré de linéaire de rivière… Cette comptabilité amnésique et mécanique devient quelque peu obsessionnelle chez certains et conduit à exiger la "renaturation" du plus modeste cours d'eau, au détriment de son histoire, de son paysage et de l'avis de ses habitants, qui ne sont jamais ouvertement et collectivement consultés pour exprimer leurs souhaits. Si ces diktats vous insupportent, exigez qu'ils cessent !

Edit : suite aux échanges avec lecteurs (cf ci-dessous commentaires), rappelons que le Brevon a fait l'objet d'une étude par le Sicec et la FAAPPMA 21 en 2011, visant à définir ce qui est considéré comme un "état zéro" du milieu. Deux points de mesure ont été définis (amont de Beaulieu, amont de Rochefort). Au plan piscicole, le Brevon a un peuplement de truite, chabot, vairon, loche franche, lamproie de Planer, goujon, gardon. Si les abondances sont moindres que celles attendues pour certaines de ces espèces, l'état écologique de la rivière (IPR) est "bon" sur le compartiment piscicole. L'indice IBGN (invertébrés) est "bon" à "très bon" sur le même secteur en 2009 et 20111 (évolution positive depuis 2007). Le Brevon est donc conforme à l'état écologique attendu au regard de la Directive-cadre européenne sur l'eau. Seul l'extrémisme de quelques-uns pourrait engager dans ces conditions une altération du patrimoine hydraulique pour des motifs soi-disant "écologiques". Des aménagements doux, non destructifs et proportionnés à l'enjeu (faible) sont à privilégier. D'autant que les retenues d'eau de la vallée représentent moins de 7% du linéaire total de la rivière, et un taux encore plus faible si l'on tient compte des ruisseaux affluents.








37 commentaires:

  1. A vous lire on comprend que le projet d’équipement des ouvrages risque de faire disparaître le patrimoine bâti. En quoi l'aménagement des retenues menace t il les bâtiments? Le seul élément visuel qui risque d'être modifié c'est le paysage. La beauté d'un paysage est une notion bien subjective, certains s'extasient devant une belle vallée naturelle dans laquelle s'écoule une eau courante et fraîche où des truites gobent des éphémères d'autres sont saisis par la beauté d'un étang couvert de nénuphars, où s’ébattent des tanches et des carpes...

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    1. L'effacement des ouvrages du Brevon et le retour à une rivière à écoulement intégralement naturel feraient disparaître les paysages tels qu'on peut les voir sur les photographies ci-dessus et feraient évidemment perdre son sens historique au bâti à fin hydraulique (biefs, coursiers, chambres, pertuis, bajoyers, endiguement des étangs, cascades).

      Ce qui est "objectif", c'est l'existant : il est là, bien présent, et depuis des siècles. Détruire ce paysage séculaire impliquerait un enjeu écologique fort et la démonstration d'une altération de cet enjeu par l'existant.

      Mais vous parlez d'"équipement" dans votre message : très bien. S'il est possible d'améliorer le franchissement des ouvrages, de limiter le réchauffement des plans d'eau, etc. tout en respectant le patrimoine hydraulique, sa qualité paysagère et son potentiel énergétique, alors prenons cette voie.

      Dans tous les cas, une mesure complète de la biodiversité totale (pas seulement piscicole/halieutique) sur une unité hydrographique cohérente (ici le Brevon, puisque la rivière est petite) paraît nécessaire. Donc on attend d'Artelia un gros travail de diagnostic, pas le copier-coller des mesures sélectives de pêcheurs qui râlent qu'il n'y a pas assez de truites dans les zones à étangs.

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  2. Si l'on a une diversité des écoulements (pente, température, largeur, substrat) sur la rivière, comment cela pourrait affaiblir la diversité du vivant ? A chaque habitat ses espèces, non?

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    1. En approche par micro-habitats, on souligne en effet l'intérêt d'avoir des alternances d'écoulements variés (seuils, mouilles, radiers, plats, rapides, etc.). Quand le phénomène est créé par l'homme (par une retenue et une chute artificielles, qui créent une divergence locale par rapport aux déterminations physiques pente-débit) et non par la nature, cela devient soudain catastrophique pour les milieux aquatiques. Voir par exemple cet article sur la difficulté de définir un état de référence de la rivière suite à la modification permanente des milieux, à toutes les échelles de temps :
      http://www.hydrauxois.org/2015/08/une-riviere-peut-elle-avoir-un-etat-de.html

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  3. Il me semble que le Brevon est un cours d'eau de première catégorie piscicole, a voir les clichés ci dessus, on se croirait plus en Sologne que dans le Châtillonnais, qui il me semble est un territoire en tête de bassin versant. Les bernaches du canada sont elles des espèces autochtones de la vallée du Brevon ou font elles parties du patrimoine.

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    1. La Fédé de pêche 21 et le Sicec ont fait un état des lieux (considéré comme "état zéro") en 2011. Deux points de mesure. Les truites sont présentes mais déficitaires (surtout à l'aval de l'étang, à l'amont c'est plus correct). Sont aussi présents chabot, vairon, loche franche, gardon, goujon et lamproie de Planer. L'IPR du secteur le plus impacté (Brevon à l'amont de Beaulieu) est malgré tout jugé "bon" (comme celui du secteur amont), donc la rivière n'est pas déclassée au plan piscicole.

      Si vous êtes pêcheur de truite, vous souhaitez peut-être un maximum de poisson d'intérêt pour vous. Mais la politique de la rivière ne se limite pas aux intérêts particuliers de certains usagers, elle doit concilier tous les usages. Les truites sont bien là, comme elles sont sur tout le chevelu du Chatillonnais.

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    2. Si la politique de la rivière ne se limite pas aux intérêts particuliers de certains usagers et qu'elle doit concilier tous les usagers à quoi bon sert HYDRAUXOIS ? Le fait d'être propriétaire d'un moulin et de vouloir conserver un bief n'est il pas l'intérêt d'une seule personne ?

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    3. "Le fait d'être propriétaire d'un moulin et de vouloir conserver un bief n'est il pas l'intérêt d'une seule personne ?"

      Déjà, comme vous le rappelez, il existe en France un droit de propriété (dans la Constitution et la Déclaration des droits de l'homme, si vous avez oublié).

      Ensuite, Hydrauxois a pour mission (dans ses statuts) de défendre et promouvoir le patrimoine, l'environnement et l'énergie hydrauliques. Contrairement à d'autres, notre association ne prétend pas usurper les notions d''intérêt général ou de bien commun. Elle entend en revanche rappeler que l'intérêt général ne résume pas à certains intérêts particuliers ni à diverses décisions non démocratiques, et démontrer combien certains choix d'aménagements ne répondent pas à l'utilité publique ni en l'espèce à une quelconque urgence écologique que l'on brandit mensongèrement.

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  4. Le Brevon est un ruisseau de tête de bassin,il devrait comporter une richesse en espèces rhéophiles, au lieu de ça son lit est fortement colmaté...
    Un paysage superbe, les étangs pleins de nénuphars, de la vase dans tout le cours d'eau, effectivement la vallée du Brevon est superbe mais pas le Brevon.... Les Forges sont belles mais elle le seraient d'autant plus avec un cours d'eau naturelle à leur proximité

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  5. Suite aux échanges, nous avons ajouté des précisions sur l'état écologique du Brevon. L'indice piscicole est "bon", celui des invertébrés "bon" ou "très bon". Donc ceux qui font croire que la rivière et ses milieux "souffrent" des aménagements hydrauliques trompent le public, cela au regard des critères de qualité écologique retenus par la DCE. (Critères et indices qui sont critiquables par ailleurs, mais au moins ceux qui les brandissent doivent être cohérents avec leur propre logique).

    Rappelons par ailleurs que le même bilan de 2011 soulignait que les pollutions diffuses HAP et nitrates restent des facteurs dégradants et limitants du bon état sur tout le bassin. Mais bon, on fait des études, on les met dans un tiroir et on claque l'argent public des agences de l'eau, des conseils départementaux et des communes pour des aménagements spectaculaires quoique secondaires pour la qualité de l'eau.

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  6. La rivière est perturbée par les ouvrages, ça c'est un fait. Les ouvrages en sont ils la seule cause... sûrement pas, mais leur impact est réel et avérée. Après que l'on soit pêcheur de truites ou amoureux des moulins est hors sujet. La typologie de ce cours d'eau fait qu'il ne devrait y avoir que des truites et quelques espèces d'accompagnements comme sur d'autres cours d'eau, comme la Groeme par exemple, elle dénuée d'ouvrages importants. Je ne vais m'excuser de défendre l'idée de revoir un jour l'optimum de qualité pour nos rivières, ça s'appelle défendre l'intérêt général.

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    1. Lisez la mise à jour. Sur les points de mesure du Brevon, vous avez un IPR bon, un IBGN bon ou excellent, donc l'impact est faible. Traitez déjà les rivières en état écologique mauvais ou moyen, ainsi que les rivières en mauvais état chimique, on verra après pour passer du "bon état" et "très bon état" (pas la priorité en France, pas la demande de l'UE). Là c'est de l'acharnement, et une vision déséquilibrée de ce qu'est une rivière (vous aurez beau répéter votre vue personnelle, vous devrez accepter qu'elle n'est pas la seule et qu'elle ne peut prétendre au monopole des visions légitimes des cours d'eau ; il en va de même pour la nôtre, bien entendu).

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  7. Rappel du droit
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006832979&dateTexte=20080226

    Il faut une "gestion équilibrée et durable de la ressource en eau", ce qui implique le respect des équilibres des milieux, mais aussi bien :

    - "Le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau" ;

    - "La valorisation de l'eau comme ressource économique et, en particulier, pour le développement de la production d'électricité d'origine renouvelable ainsi que la répartition de cette ressource"

    - en respectant les exigences "De l'agriculture, des pêches et des cultures marines, de la pêche en eau douce, de l'industrie, de la production d'énergie, en particulier pour assurer la sécurité du système électrique, des transports, du tourisme, de la protection des sites, des loisirs et des sports nautiques ainsi que de toutes autres activités humaines légalement exercées"

    C'est cela "l'intérêt général" défini par la loi dans le Code de l'environnement.

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  8. Rappel des lieux pour ceux qui ne connaissent pas : les 4 principaux plans d'eau (2 en photos dans l'article) totalisent 2,1 km de longueur. Le lit du Brevon court sur 31,5 km (sans parler des rus affluents et non anthropisés). On parle donc de 6,6% de la vallée... Pas difficile de comprendre où sont les démagogues et les intégristes dans cette affaire ! Plus de 90% du linéaire non impacté, des indices DCE 2000 bon, et certains continuent de faire croire que cette rivière est gravement dégradée. Merci à Hydrauxois et OCE de défendre une vision équilibrée et honnête des aménagements de cours d'eau.

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  9. Grand mérite de ces débats, la mauvaise foi exposée au grand jour. Aucune réponse aux arguments de fond, répétition de généralités très vagues, prétention à avoir la seule et unique vison légitime de la rivière, refus d'admettre ce que disent les indicateurs de qualité pourtant "officiels", etc. Oui, merci Hydrauxois, tout cela donne de bonnes leçons sur les mentalités ambiantes.

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  10. Trois questions aux pêcheurs pour mieux comprendre leur position : la truite est-elle une espèce menacée sur le Brevon ou dans le Châtillonnais en général? Quelles preuves avez-vous (pas des suppositions verbales, mais des relevés qui montrent une extinction progressive des populations dans le temps)? Plus généralement, pour quelles espèces dispose-t-on d'informations exactes sur le Brevon ou dans le Châtillonnais? Merci.

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  11. La truite n'est effectivement pas menacée dans le chatillonnais, heureusement mais mal en point sur certains tronçon, du Brevon notamment(cf étude fdaappma)
    A quoi bon essayer d'améliorer la qualité de l'eau, à quoi bon construire des stations d'épuration, a quoi bon limiter les intrants d'origine agricole, a quoi bon interdire les travaux d'hydraulique sur le chevelu, a quoi bon araser des ouvrages sans usage bah oui a quoi bon la truite n'est pas menacée. Ouf je suis rassuré!!!

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  12. Rivières libres : OK, la truite n'est pas menacée. C'est tout ce que je demandais. Merci de la confirmation.

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  13. 1/2
    Excusez-moi de faire une intrusion dans ce monde savant, modeste citoyen lambda sans bac + 10, mais vivant simplement en deux endroits (domicile et travail) en bordure de cours d'eau, dont l'un équipé de ma micro centrale hydro-électrique placée sur le site d'un ancien moulin datant de la révolution française :-)

    Sur le premier cours d'eau (la Gitte), que je surveille comme riverain depuis 20 ans (enlèvement des embâcles, taille des arbustes, nettoyage du terrain après les crues), et qui comporte lui aussi des anciens emplacements de moulins avec seuils encore en place, j'ai vu toute vie disparaître progressivement conjointement à l'augmentation des logements environnants (lotissement, dépassement des capacités du réseau d'assainissement) et à l'intensification des cultures de céréales (regroupement de parcelles, arrachage des haies, drainage et remblaiement des zones humides, épandage de granulés d'engrais, traitement des semis par pulvérisation, y compris à proximité des logements, etc...). Il reste 2 ou 3 castors (qui m'ont bouffé une dizaine de sapins), réimplantés là artificiellement il y a une dizaine d'années, mais qui semblent de moins en moins en forme (baisse des dégâts qu'ils me causent)

    Petit aparté concernant le monde agricole : j'ai travaillé dans les années 65 à 80 dans une ferme d'Alsace, 30 ha, une dizaine de vaches avec la cloche au cou, deux cornes et un nom (au lieu d'un code barre agrafé sur l'oreille), les foins, regains, la mise en andains avant la pluie, la griffe à foin, la "moissbatt Nouille Holande" et ses bottes de paille montées à la main sur un plateau à ridelles, le hachepaille », les poules, lapins, le cochon et tout le tintouin, plus la pause casse croûte vers 9h avec le pain et le beurre maison, le « céret », les lardons, et le Sylvaner local. Il fallait décrotter les pneus du D22 avec un petit bâton (rangé sous le siège), avant de rouler sur la route ... Quasiment aucun produit chimique, des champs de blé de hauteur variable selon les endroits, avec de l'herbe et des coquelicots mélangés, une agriculture peu polluante, une famille qui vivait bien, sans aucun emprunt sur le dos, et qui se payait même le luxe de ne jamais travailler le dimanche (Mennonites). Il y avait quantité de grenouilles et de joncs dans certains prés, et encore des petites écrevisses grises dans les ruisseaux ! Je suis très satisfait de voir qu'une partie des jeunes agriculteurs choisit aujourd'hui l'agriculture biologique, c'est dans ce domaine qu'il faut dépenser de l'argent, et non dans la destruction des seuils !

    Reprise : il n'y a actuellement plus aucune vie dans ce cours d'eau, malgré il y a 3 ans une "renaturation" (financée par la chambre d'agriculture, tiens donc, un sentiment de culpabilité ? ...), avec arasement de petits seuils ancestraux, coupe des arbres en bordure, plantage de saules, etc ... Rien n'a changé pour l'instant, sauf que nous avons maintenant en plus de la balsamine de l'Himalaya, totalement absente jusque là, et probablement apportée à l'occasion de cette renaturation par les engins de terrassement ...

    Le 2ème cours d'eau (la Combeauté) est magnifique (avec aussi à une époque des dizaines de turbines) et moins impacté par la pollution, sauf il y a quelques années une pollution aux PCB (avec aussitôt des analyses sur le site de ma micro-centrale ;-) , mais il s'est avéré que cela venait d'un ferrailleur quelques km en aval).

    Comme je gère et entretiens mon seuil (équipé d'un clapet pour le transit sédimentaire, de vannes, et d'une passe à poissons ...), j'enlève périodiquement de la rivière les sacs poubelles, couches culottes, cannettes en verre ou métal, bidons vides ou pleins

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  14. 2/2
    (et même une fois un fût d'huile de 200 l : merci qui ?

    Les cours d'eau ont bien vécu pendant des siècles avec ces seuils, naturels ou artificiels, il faut être inconscient pour ne pas lutter en premier lieu contre les pollutions chimiques : engrais, médicaments, pesticides, rejets industriels, stations d'épuration, ... C'est ça qui a impacté la vie des cours d'eau au cours des dernières décennies, pas les seuils de moulins.

    Évidemment, essayer de lutter contre les pollutions industrielles, c'est se voir menacer d'un chantage à la compétitivité et à l'emploi, essayer de diminuer les habitudes de transport ou consommation des citoyens est une cause perdue, s'attaquer aux pollutions agricoles, c'est s'exposer à une manifestation musclée et au déversement de tonnes de lisier … qu'y a-t-il de facile pour montrer qu'on s'intéresse au problème, même si ce n'est pas efficace ? détruire des seuils, super , bravo !

    Oui les seuils accumulent les sédiments, mais ils ne sont pas responsables de la pollution, ils la mettent juste en évidence. Enlever ces seuils, c'est juste enlever le "panneau danger pollution" au lieu de combattre la pollution à la source, c'est transformer les cours d'eau en un réseau d'évacuation, et libérer des sédiments vers les océans, donc uniquement déplacer le problème (relâchement des flottants, sacs plastiques, bouteilles, métaux lourds, ...)

    Autre point : c'est très bien et louable d'être un expert dans un domaine, mais il faut aussi faire preuve d'un peu d'humilité, relever la tête du microscope et d'une part avoir une vue pragmatique et d'ensemble des autres problèmes environnementaux, et d’autre part laisser une place au doute, en se limitant à quelques "renaturations" puis en attendant quelques années afin de réaliser une évaluation à posteriori, avant de passer aux destructions à grande échelle.

    Il faut garder ces seuils qui ont un potentiel énergétique, les aménager pour la circulation des poissons, et voir que dans beaucoup de cas la circulation des sédiments est assurée par l'ouverture obligatoire des vannes en période de crues (c'est le cas dans ma micro-centrale, où le niveau des sédiments à l'amont du clapet ne dépasse pas le seuil dudit clapet)

    Pourquoi aussi (en attendant de moins polluer par un filtrage à la source, ce qui serait l'idéal) ne pas chercher des méthodes de dépollution des retenues, par exemple avec des robots flottants ou immergés, comportant une pompe ou un autre système de prélèvement, avec rejets séparés de l'eau filtrée (sur place) et des sédiments "secs" (envoyés en déchetterie).

    Si vous voulez revenir au bon état des rivières d'il y a 500 ans, alors supprimez les voitures, routes, trains, avions, l'industrie chimique et pétrolière, divisez progressivement par 2 ou 3 la population (commencez par supprimer les allocations familiales, succès garanti !), réduisez la consommation en protéines animales, revenez à une économie plus locale, avec moins de transport, moins de consommation d'énergie, et surtout reconstruisez des moulins, il y en avait parait-il plus de 100 000 à l'époque ...

    Voilà, désolé pour le manque de vocabulaire scientifique !

    En tous cas, mille mercis à CF, auteur et animateur de ce site Web, d'apporter une autre vision de la vie des rivières, et de batailler avec le jargon et l'amphigouri qui deviennent la norme, moi ça me gonfle !

    Finalement c'est dommage que tout le monde s'engueule, au lieu de retrousser ses manches pour aller arracher de la balsamine ou de la renouée ! (tiens, j'ai vu il y a 3 ans des plants de balsamine en vente dans une jardinerie ! J'ai quand même indiqué au gérant du magasin que c'était une &@$* de plante invasive, et il l'a retirée du rayon:-) )

    Bonne soirée

    didier Beaume
    (pas fan de messages anonymes)

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    1. Merci Didier pour ce beau témoignage, je n'ai rien à ajouter, pas une ligne où je ne me reconnaisse! Profitons-en pour signaler une autre bonne taverne, qui depuis 5 ans fait un travail formidable de partage d'expériences et d'entraide aux projets :
      http://dbhsarl.eu/forum/index.php?sid=cbd3409de8e8ba0c7c21167bef689320

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  15. "Riviéres libres" semble ignorer le fait que les entrants agricoles ne sont pas du tout limités au contraire même (filières d'achat de produits phyto interdits en France à l'étranger sans facture, nouveaux molécules plus fortes, remplacement de produits "naturels" par du chimique plus facile à utiliser). De plus les stations d'épuration sont totalement inefficaces sur les résidus de médicaments/perturbateurs endocriniens... Par ex : un réseau d'égout en PVC = 20 à 35% du poids des tubes en phtalates (non liés chimiques).

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  16. Le droit de propriété est effectivement très fort en France et c'est une très bonne chose. C'est pourquoi aucun travaux en rivière, qui plus est un effacement ne se fait sans autorisation écrite. Ces propriétaires sont-ils tous indélicats? Ou font ils un choix qui mérite d'être respecté? C'est leur SEUL avis qui compte au final.

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  17. Bonsoir,

    ce que vous écrivez est faux :

    - d'abord un préfet peut depuis 2014 supprimer un droit d'eau à l'occasion d'une demande de remise en service d'un ancien moulin ou site hydro-électrique : plus de droit, plus de seuil.

    - à défaut, il peut imposer diverses mesures coûteuses et pas toujours justifiées, pour faire obstacle à cette remise en service, avec par exemple des débits réservés supérieur au minimum biologique de 10%, et calculés au doigt mouillé

    - je connais une propriétaire d'une ancienne usine, dame âgée, victime de chantage : suite au manquement de sa part de manœuvrer ses vannes, elle s'est vue remettre une contravention de plusieurs milliers d'euros. Incapable de payer, elle a accepté en échange de céder pour 1 € son seuil (magnifique construction en pierres de tailles, le site pouvait produire plus de 100 kW), et celui-ci a été aussitôt détruit. Le résultat est d'ailleurs lamentable, avec un filet d'eau qui coule sur une "rivière artificielle" entre des berges en gravier et bâches plastique, avec quelques enrochements placés au milieu par des personnes qui n'ont probablement jamais eu à enlever une grume apportée par une crue.

    - une autre propriétaire se voit imposer, pour redémarrer sans changements un site, une coûteuse étude du risque d'inondation, non justifiée puisque le site est inchangé depuis 100 ans ...

    - enfin je connais un propriétaire d'un petit moulin fonctionnel à qui l'on a imposé une PAP de 2 m de chute sur son bief d'amenée privé (Lol !), alors qu'une PAP simpliste aurait été possible sur le seuil même (dénivelé d'une trentaine de cm !). Plutôt que de faire valoir son droit (face à une quinzaine de fonctionnaires venus en force sur le site), ce propriétaire a cédé, et accepté de voir son moulin rendu quasi inutilisable.

    - les propriétaires de seuils qui ont signé un accord de destruction sont avant tout des syndicats de rivière propriétaires du seuil, ou des propriétaires privés, sur lesquels l'administration a mis la pression pour les faire céder, et qui n'ont pas voulu se lancer dans une bataille juridique.

    Heureusement tout le monde ne se laisse pas faire !

    Bonne soirée

    didier Beaume

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  18. Ce qui se passe sur les rivières, ce que j'ai entendu mille fois en visitant les adhérents, sympathisants et en animant les réunions publiques :

    - viennent en armada chez le propriétaire les représentants DDT, Onema, Agence de l'eau, syndicat de rivière;

    - discours "la loi a changé, votre seuil n'est pas aux normes, c'est très grave pour la rivière, si vous n'agissez pas rapidement, vous aurez des problèmes règlementaires, d'ailleurs êtes-vous sûr que votre droit d'eau est valable, faudrait le démontrer, votre ouvrage n'est pas bien géré vous savez, etc.";

    - la personne qui cède (des journalistes faisant un reportage me rapportent hier encore l'histoire d'un homme de 94 ans terrorisé et persuadé qu'il irait en prison…) met le doigt dans l'engrenage fatal, étude concluant que le dérasement est la seule solution correcte pour le milieu, il vend son seuil ou accepte de le voir détruit pour fuir ces problèmes qui le minent;

    - celui qui ne cède pas, on lui rappelle qu'il y aura des mises en demeure en 2017 et qu'il devra tout payer à ses frais, peu importe si cela coûte des dizaines ou des centaines de milliers d'euros, "c'est la loi m'sieur-dame".

    Vous avez dit "consentement" ? Allons donc, qu'on adopte des pratiques lamentables, et qu'en plus on y ajoute qu'on y ajoute la mauvaise foi de leur dissimulation... A moins que ce ne soit du pur et simple aveuglement, mais alors cela confirme le diagnostic, seuls des fanatiques ne se rendent pas compte de leur décalage au réel!!

    PS : après, il y a des gens qui se désintéressent complètement de l'hydraulique, qui veulent juste une belle baraque au bord de l'eau et qui signent volontiers l'effacement. C'est bien dommage pour le patrimoine dont ils ont hérité ou qu'ils ont acquis, et dont ils privent les générations futures. Mais ils sont libres de leur choix, bien sûr.

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  19. Ben voyons, quel art de la mise en scène pour faire pleurer dans les chaumières. Aucune étude ne débute sans accord, et les propriétaires sont souvent a l'initiative du contact. Combien d'ouvrages en ruine, perdus dans les champs, qui embarrassent leur propriétaires? C'est également une réalité, bien plus importante que vous ne le dites.

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    1. Quelle proportion, ces ouvrages en ruine ? Ici on a quantifié sur l'Armançon de Pont à Rougemont, 1 seuil sur 22 peut être qualifié de ruine et fait d'ailleurs l'objet d'un programme de destruction. Les autres sont en état correct et pour 19 d'entre eux, il n'y a aucun consentement à l'effacement ni à l'aménagement sans subvention. Donnez des chiffres, des faits, des références... déjà vous êtes anonyme, en plus il faudrait vous croire sur parole. Par exemple, combien de seuils ont été effacés sur les 1300 ouvrages Grenelle du PARCE 2009 ? Combien de seuils effacés par le Sicec ou le Sirtava depuis 2012, et combien de projets en cours ? Sans doute un grand nombre, et même la majorité à vous en croire.

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  20. En France on a un peu trop l'habitude de considérer le bien d'autrui comme le notre. Les propriétaires du droit d'eau en font ce qu'ils veulent et le problème vient du fait que les gens ont pris l'habitude de jouir d'un droit d'eau ne leur appartenant pas. Alors qui fait pression sur qui? Ceux qui disent c'est le patrimoine commun donc vous ne devez pas effacer l'ouvrage car j'aime voir de l'eau lorsque je vais faire mon pique nique une fois l'année à Rochefort, ou bien le propriétaire qui souhaite respecter la réglementation.et contact l'administration pour savoir ce qui est envisageable... Tout le monde y va de son anecdote... mais les propriétaires ne sont pas contraints,.. s'ils veulent ne rien faire libre à eux mais il y aura certainement des conséquences...
    C'est un peu comme si votre voisin avait un arbre qui vous fait de l'ombre l'été c'est tellement agréable de faire son barbecue et boire une bière à l'ombre, par conséquent vous lui suggérer (car cela semble etre votre unique action suggérer...) de ne pas le couper... et ben non ça marche pas comme ça comme vous le dites la propriété privé est un droit fort en France, par conséquent il fait ce qu'il veut... d'autant plus que pour un ouvrage le bâtit n'est pas détruit... Quant à votre logique elle ne tient pas la route : si on vous suit il faut payer des passes à poissons pour qu'un propriétaire puisse continuer à gagner de l'argent tout en dégradant les milieux aquatiques (au même titre que l'agriculture, les usages domestiques, l'hydro-électricité est unn facteur dégradant...) ou est l'intéret général, on mettrait de l'argent public pour augmenter les bénéfices du privé (comme pour les autoroutes ???) et satisfaire les promeneurs du dimanche? Mais ou sont ces memes personnes lorsqu'il faut entretenir ces ouvrages? Seriez vous pret à prendre tous une semaine pour curer un étang? Je ne pense pas, et certains propriétaire non plus d'ou le choix de se débarasser de leurs droits d'eau... Votre visions des choses est bien étrange à vous les amoureux des eaux stagnantes et de la vase....

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    1. Notre proposition sur le financement des PAP est là :
      http://www.hydrauxois.org/2015/07/continuite-ecologique-pour-un.html

      Une PAP n'apporte aucun bénéfice. Elle représente au contraire une servitude à vie d'entretien. La moindre des choses est de la financer publiquement en majeure part, tout comme on finance publiquement des aides aux collectivités, aux agriculteurs, aux industriels, etc. (Par exemple et comme le relevait la Cour des comptes dans son rapport 2015, déjà 32 M€ dépensés par l'Agence de l'eau SN pour le barrage EDF de la Sélune, uniquement des travaux préparatoires... EDF est pourtant une entreprise industrielle qui fait des bénéfices. Idem pour les aides à Disneyland, etc.).

      Par ailleurs, dans votre logique, pourquoi financer l'effacement? Il faut dire aux propriétaires que c'est entièrement à leur frais (puisqu'ils doivent assumer leur "nuisance" supposée). Vous ne le faites pas parce que vous savez que sans le chantage financier, le taux d'acceptation des destructions chuterait vers zéro.

      Dernière chose : il semble que plus de 90% de seuils sont sans usage énergétique, ceux qui ont usage énergétique reçoivent des financements publics. Vous assimilez de manière indue les seuils de moulin à des producteurs commerciaux d'hydro-électricité, ce qui ne représente qu'une petite minorité.

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  21. "Les propriétaires du droit d'eau en font ce qu'ils veulent" ... hallucinant de lire cela. Faut espérer que l'auteur de cette contre-vérité n'a aucun rôle dans la gestion d'une quelconque rivière.

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  22. Discussion avec un maire : sa commune paie une cotisation au syndicat en fonction du linéaire, et dans ce cas le linéaire inclut la rivière et le bief qui traverse le village (plusieurs km). L'entretien du bief (curage, atterrissements, embâcles, ouvrages fonctionnels), n'est-ce pas le travail du syndicat de rivière? Sinon pourquoi payer? Une entreprise spécialisée peut le faire, le fera sans doute mieux et ne viendra pas gaver son interlocuteur avec la nécessité de détruire les ouvrages pour assécher les biefs. Les syndicats passent maintenant une bonne part de leur temps dans des bureaux à écouter les ordres des Agences et des Préfectures, puis à remplir des volumineux dossiers qui rendent si complexe la gestion des cours d'eau. Allez faire une enquête chez les riverains, les propriétaires et les élus locaux pour voir s'ils ont le sentiment que les syndicats sont très actifs et répondent correctement à leurs préoccupations. On l'a fait sur 20 km de linéaire de l'Armançon, c'est pas vraiment la joie...

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  23. Bonjour,

    je lis "Votre visions des choses est bien étrange à vous les amoureux des eaux stagnantes et de la vase...."
    Ben oui, vous avez un problème avec les eaux stagnantes et la vase ? Vous croyez qu'il n'y en a pas dans la nature ? Que c'est un truc juste lié aux seuils ?
    Pas du tout, c'est quelque chose de naturel et de bénéfique, comme les zones humides (en voie de disparition). J'ai un petit plan d'eau (artificiel celui l ;-) ) envasé par endroits, et c'est mini réserve biologique très riche : insectes dans la vase, dans l'eau, en surface, grenouilles, canards, ragondins, hérons, etc... toutes espèces qu'on ne trouve pas forcément dans une eau vive. Mais c'est sûr que pour pêcher la sacrosainte truite Fario et vendre les cartes de pêche qui vont avec, ce n'est pas le top !

    Vous plaidez pour un retour à la nature, mais vous voulez votre nature, bien formatée, avec une eau vive et sans seuils.

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    1. De surcroît et comme indiqué ci-dessus, les retenues représentent 7% du linéaire principal (et bien moins avec le rus de la vallée). Donc c'est maladif, l'essentiel du lit du Brevon est non aménagé en étang, mais une poignée d'extrémistes en réclament toujours plus, ils veulent absolument tout "renaturer" à la pelleteuse, et sont près à détruire des paysages ou des éléments de patrimoine pour accomplir cette obsession. Chacun observe que les interlocuteurs anonymes défenseurs de cette politique ne répondent à AUCUN argument de fond : la rivière est en bon état DCE (silence) ... les seuils et retenues sont très minoritaires dans les écoulements (silence) la truite n'est nullement menacée d'extinction (silence) ... il y a un chantage à l'effacement en raison des subventions différentielles (silence) ... juste du bla bla où sont répétés des slogans, sans aucune prise en compte des arguments avancés par les interlocuteurs. Ils ne sont pas capables de justifier leur politique, mais ils ont le pouvoir et le fric qui va avec...

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  24. Si l'interlocuteur n'est pas de bonne foi ou de bonne composition, cela ne sert à rien de discuter. La vallée est très belle dans vos photographies, elles parlent d'elles-mêmes et rendent vides les mots qui les nient. Hydrauxois continuez votre travail, OCE aussi. On vous lit, on vous diffuse, bien des honnêtes gens doutent de la nécessité des effacements de digues. Merci.
    Signé: un moulin qui entretient soigneusement sa "vase" depuis 40 ans

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  25. A propos des algues et des eaux eutrophes, un rappel sur le dernier bilan nitrates disponible en Bourgogne (peut mieux faire)
    http://www.hydrauxois.org/2013/10/nitrates-en-bourgogne-un-etat-toujours.html

    Il paraît qu'on n'a pas assez d'argent pour financer la transition vers une agriculture durable et respectueuse des sols comme des eaux. Pourtant, cet argent est dépensé sur des rivières en bon état écologique pour casser des seuils pluricentenaires.

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  26. Des truites sur une eau translucide, c'est sympa mais c'est une vision halieutique et orientée de la biodiversité, également une image d'Epinal pour public non averti. Inversement, des ouvrages peuvent avoir des effets négatifs. Les bactéries, les algues, les herbes sont mal vus et pourtant ce sont des éléments importants de la chaine trophique, qui profitent des opportunités de niche pour leur croissance (nutriments, sédiments, ensoleillement, ralentissement). Leur trop forte croissance et extension nuit à d'autres formes vivantes et signale une rivière dégradée, c'est certain. Si ce sont des points localisés, ce n'est pas forcément alarmant. Dès que le courant devient plus vif et la rive plus ombragée, le profil biotique change. La rivière souffre-t-elle d'autres impacts? La végétation rivulaire est-elle présente? Cours rectifié ou méandré? Les Step au norme? Culture ou pature en rive? Gradient de température estivale amont-aval? Pente et substrat de la vallée, charge sédimentaire? Qualité et connectivité des affluents? Tout cela est à mesurer pour un diagnostic sérieux. Mieux vaut intervenir sur des objectifs précis pour faire adhérer les riverains au projet. Clarifier si le projet est paysager - pourquoi pas une rivière plus naturelle avec des parcours de promenade en rive, mais ce n'est plus stricto sensu de la restauration écologique. Tout mélanger n'aide pas, la confusion alimente la division.

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