On peut constater que cette réponse :
- rappelle pour l'essentiel les contraintes administratives et réglementaires auxquelles sont soumis les élus,
- ne donne aucune indication sur le nombre et la nature des poissons ayant emprunté les passes déjà construites,
- ne précise aucune analyse coût-bénéfice préalable à cette lourde dépense, alors que le CD de la Sarthe, comme tant d'autres, admet qu'il doit restreindre ses investissements,
- ne montre en rien que les passes à poissons contribueront au bon état chimique et écologique des masses d'eau, notre seule et vraie obligation DCE 2000 (outre les nitrates, les eaux usées, les pesticides et l'ensemble des pollutions où nous accumulons des retards et des amendes, l'Europe étant de plus en plus dubitative sur le rapportage français en ce domaine).
Les rares chantiers de continuité écologique effectivement engagés sont souvent réalisés sur des ouvrages dont les collectivités territoriales (ou leurs établissements intercommunaux de gestion des rivières) sont propriétaires ou gestionnaires. Et pour cause, les Agences de l'eau ont sur ces collectivités tous les moyens de pratiquer un chantage financier permanent pour accomplir leur programme ordonné par le Ministère, et dilapider ainsi l'argent public. L'Agence Loire-Bretagne (AELB) est connue pour être l'une des plus extrémistes dans ce domaine de la continuité écologique (voir la lettre ouverte au Président Joël Pélicot). Elle est aussi connue pour avoir un progrès quasi nul en 10 ans dans le domaine de la qualité écologique et chimique de ses eaux, cette absence totale d'efficacité des milliards d'euros dépensés ne provoquant aucune remise en cause des choix opérés, notamment en hydromorphologie où l'Agence se flatte d'être pionnière. L'AELB est même incapable de dresser un bilan de qualité chimique (pourtant obligatoire vis-à-vis de l'Europe et de la bonne information environnementale des citoyens) à l'occasion de l'état des lieux 2013 du bassin appuyant le SDAGE 2015 : on n'a entendu ni les élus ni les lobbies du comité de bassin s'émouvoir de cet incroyable aveu d'incompétence et d'impuissance face aux pollutions.
M. Le Mèner admet pour conclure : "je partage certaines de vos interrogations…" Tout le monde s'interroge mais la gabegie continue malgré tout, parce que nous ne sommes pas capables d'instruire au Parlement le procès d'une politique de l'eau catastrophique. Près de 1200 élus ont déjà signé l'appel à moratoire sur la continuité écologique : nous appelons plus que jamais à un sursaut démocratique au bord des rivières !
Illustration : panneau officiel près de la passe à poissons de Juigné-sur-Sarthe, indiquant le coût public de 484 680 TTC (pour un dispositif qui se trouve inopportunément hors d'eau, ce qui n'est pas très pédagogique, à moins que ce ne soit prémonitoire). En dessous, un article de Ouest France paru le 11 mars 2016 rappelle que le CD de la Sarthe est obligé de chercher des économies du fait de la baisse des dotations d'Etat aux collectivités et de la hausse des dépenses sociales. Qu'à cela ne tienne, continuons d'utiliser l'argent public pour des anguilles qui étaient encore présentes sur la plupart des bassins jusque dans les années 1960-1970, malgré de nombreux seuils et barrages. A l'époque, les pêcheurs et "protecteurs du milieu aquatique" avaient même pour ordre de les tuer comme nuisibles en rivière de première catégorie...
On aurait pu lui demander pourquoi les bureaux d'études qui étudient les projets sont toujours des bureaux d'études "imposés" (copinage administratif), à des tarifs non négociables et pourquoi ces bureaux imposent toujours la réalisation de "Roll's" à la place de "2 CV", qui feraient aussi bien le "parcours"!!??? On pourrait lui dire que les propriétaires de moulins ne sont pas toujours des "blaireaux" sans compétences ( parce qu'il faut des arcs multi-cordes pour exploiter une basse chute)et qu'ils seraient capables eux même de proposer des projets (évidemment pas au niveau des bureaux d'études)!
RépondreSupprimerEn effet, les prix explosent dans ces chantiers captifs de la réglementation à maîtrise d'oeuvre publique (et arrosés de subventions publiques). Et encore, les passes à anguilles sont supposées être les moins chères car elles peuvent avoir des fortes pentes et ne sont jamais que versants béton à plots rugueux ! Mais le fromage est là, il faut que tout le monde en croque. Et puis des prix très élevés, c'est aussi le moyen de faire miroiter tout l'intérêt de la destruction : fini les soucis, il suffit d'accepter la gentille pelleteuse payée par la gentille Agence.
SupprimerIl y a aussi cette sclérose intellectuelle française qui discrédite le « bon sens » : un devis modique d’une entreprise locale est réputé suspicieux ; les dépenses très lourdes sont un gage de sérieux.
RépondreSupprimerConcernant l’approche psycho-politique :
1) un devis très élevé pour les travaux d’équipement va pédagogiquement permettre de recueillir plus facilement l’accord du propriétaire pour la destruction de son ouvrage… financée à 100% par des fonds publics ; c’est l’abus de faiblesse et la carotte à la subvention : un cocktail redoutablement efficace.
2) Il ne faut le dire à personne, car ce serait très inconvenant : les propriétaires de moulins et d'étangs (même si une majorité vit en réalité d’une petite retraite d’artisan) sont réputés nantis. Ils doivent « payer » aux yeux de ceux (FNPF) qui ne supportent pas la permanence d’un droit d’eau car ils s’estiment, eux et eux seuls, protecteurs de l’eau et du milieu naturel… dans l’intérêt exclusif de leurs clients.