La Préfecture de l'Yonne a sollicité l'avis de l'Onema sur les effacements des ouvrages hydrauliques de Tonnerre. Cet avis a été favorable, ce qui ne surprendra pas, sous réserve de diverses observations. Ainsi, l'Office déplore le manque de rigueur du diagnostic biologique préalable au chantier… ce que l'association Hydrauxois a également pointé et ce qui a notamment mené le commissaire-enquêteur à douter de la pertinence écologique du projet. On efface des barrages sans même prendre soin d'étudier les espèces en place. Ce n'est pas de l'écologie, mais de l'idéologie.
L'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema) joue notamment le rôle de conseiller technique et scientifique des services instructeurs de l'Etat pour ce qui concerne la politique des rivières.
Dans l'avis formulé le 18 février 2016 sur le projet d'effacement des ouvrages Saint-Nicolas et des services techniques de Tonnerre, l'Onema souligne à propos des paramètres biologiques (cliquer pour agrandir) :
En substance, le syndicat de l'Armançon n'a pas jugé bon étudier les poissons et insectes réellement présents dans les retenues des ouvrages et le bras concerné de l'Armançon. Et il a pris comme espèce-repère le chabot (espèce sédentaire incapable de mobilité importante) plutôt que les cyprinidés rhéophiles, les anguilles et les brochets.
Ces remarques sont aussi valables pour le cas de Perrigny-sur-Armançon.
Le syndicat SMBVA propose d'effacer des ouvrages hydrauliques sans même faire les mesures élémentaires consistant à diagnostiquer les peuplements amont, aval et dans les retenues. Ce qui est nécessaire d'une part pour vérifier au préalable qu'il existe un problème écologique sérieux appelant correction ; d'autre part pour garantir après les travaux qu'il y a eu des gains conséquents en résultat de la dépense d'argent public et en compensation, si l'on peut dire, de la destruction du patrimoine.
A dire vrai, la même légèreté prévaut sur tous les chantiers de ce syndicat, c'est aussi le cas sur les projets en cours d'aménagement de la Brenne à Montbard. L'association Hydrauxois, au comité de pilotage dans ce dernier cas, a déjà signalé au début de l'année que le diagnostic écologique de la Brenne aval est insuffisant en l'état pour justifier le moindre aménagement du seuil de l'Hôpital et du seuil Poupenot.
Le syndicat de l'Armançon prétend agir au nom de l'écologie des milieux aquatiques ; mais comme bon nombre de gestionnaires, il ne prend même pas la peine d'établir un diagnostic de biodiversité des hydrosystèmes qu'il bouleverse à la pelleteuse. Et encore moins de réfléchir aux causes quand le diagnostic est posé, la répétition de mots d"ordre catéchétiques et généralistes faisant office d'argumentation. Le manque de rigueur et d'honnêteté intellectuelles dans la mise en oeuvre de la continuité soi-disant "écologique" est désolant. Des bureaucraties appuient sur des boutons pour atteindre leurs quotas d'ouvrages détruits, sans empathie aucune pour le patrimoine, mais aussi sans rapport avec l'état réel des rivières et les priorités pour améliorer cet état. La lutte contre cette imposture est plus que jamais nécessaire.
C'est rigolo, l'Onema qui est décrit à longueur d'article comme le bras armé de la casse des moulins ou comme une police partiale zélée trouve sur tout à coup grâce à vos yeux... Intrigante navigation de la généralité à la spécificité suivant l'intérêt du rédacteur.
RépondreSupprimerPour tout vous dire, nos échanges avec l'Onema depuis quelque temps en Bourgogne montrent une certaine évolution du discours de l'Office, du moins de certains de ses représentants. Ce qui a d'ailleurs été apprécié par diverses personnes, pas seulement à Hydrauxois
SupprimerEn l'espèce, nous reconnaissons ici simplement que l'Office fait preuve de la même rigueur pour un chantier d'effacement que pour un autre. C'est à son honneur. Pourquoi ne pas le reconnaître?
Quand cette rigueur s'applique à un syndicat qui dispose de l'argent public (plus de 2 M€ de budget restauration), de techniciens, de fédés de pêche dans ses copil, etc. cela paraît assez normal de considérer qu'il y a moyen d'y donner suite. Quand elle tombe sur un couple de retraités ayant un moulin et n'y comprenant goutte, on est en droit de se dire qu'il faut aussi moduler les prescriptions aux capacités des gens. Ou alors garantir un meilleur financement public desdites prescriptions.
PS : si l'on comprend bien la politique de l'eau (difficile car elle souffre d'hyperactivité avec déficit de l'attention), l'Onema aura été une parenthèse entre le CSP et l'Agence de la biodiversité. Plus il s'éloigne de sa matrice halieutique et meilleur il sera sans doute. D'ailleurs, pour couper le cordon ombilical, nous n'allons pas manquer de solliciter l'expertise de l'Office concernant deux ou trois affaires relatives à nos nouveaux grands amis, la fédé de pêche de l'Yonne. :-)
Cela fait maintenant longtemps que le cordon est coupé...
RépondreSupprimerOui et non. D'abord il y a le personnel et le temps lent de renouvellement des générations humaines. Ensuite et surtout, il y a les méthodes et les spécialisations. Prenez un étang comme Bussières ici dans l'Yonne. Le rôle d'un Office chargé des milieux aquatiques n'est pas a priori limité au fait de savoir si cet étang devrait être remplacé par une rivière en libre cours avec des truites et espèces d'accompagnement. Son rôle est plutôt de caractériser au service du décideur public et i fine des ciotyens l'ensemble de la biodiversité aquatique (et rivulaire) de l'hydrosystème existant. Si vous avez un paradigme biaisé en direction de la composante piscicole de l'hydrobiologie, cela ne peut pas produire une analyse correcte (complète) des milieux tels qu'ils ont évolué après plusieurs siècles d'aménagements.
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