Introduction (extraits)
Les rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir sont parcourues par de nombreux moulins et bar- rages de taille et d’usages divers, installés pour la plupart depuis plusieurs siècles. Pour l’essentiel, ils sont référencés dans la carte de Cassini établie au XVIIIème. Ces moulins et barrages modifient, souvent depuis le Moyen-âge, le régime de la rivière par rapport à un fonctionnement antérieur, dit « naturel ». La directive cadre sur l’eau du 23 octobre 2000 adoptée par le Conseil et par le Parlement européen définit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique au plan européen. Elle fixe des objectifs ambitieux pour la préservation et la restauration de l’état des eaux superficielles (eaux douces et eaux côtières) et pour les eaux souterraines. Aussi un retour à une plus grande naturalité de ces rivières est actuellement souhaité, menaçant à terme l’existence de nombreux barrages et moulins.
Dans ce travail nous nous intéresserons au potentiel biologique des eaux au niveau des barrages. Ces derniers sont-ils néfastes à la diversité de la vie aquatique, ne peuvent-ils pas être également générateurs de milieux favorables à certaines espèces, remarquables de par leur rareté et leur valeur patrimoniale (statuts de protection)?
Conclusion (extrait)
En conclusion de ce travail, nous pouvons affirmer qu’il ne faut pas généraliser les conclusions sur l’impact des barrages d’un point de vue écologique. La destruction d’un barrage peut se révéler pertinente dans un cas et ne pas l’être dans un autre. L’environnement global de la rivière est très certainement sous-estimé dans cette problématique. La destruction de barrages dans des zones d’eau polluées permettrait elle de retrouver un fonctionnement naturel ? Rien n’est moins sûr tant que tous les facteurs environnementaux ne sont pas pris en compte.
Chaque cas est particulier et doit être pris individuellement. Des équilibres se créent et les espèces sont capables d’adaptation (comme l’illustre les espèces d’Odonates qui affectionnent les zones calmes des rivières), ce qui est d’autant plus vrai dans le cas de barrages et seuils anciens, qui représentent aujourd’hui la majorité des ouvrages sur les rivières considérées.
Les espèces se sont adaptées au cours du temps à leur environnement et des espèces rares profitent des milieux crées par les barrages. En témoigne la Cordulie à corps fin, Oxygastra curtisii, protégée au niveau européen (Annexes II et IV de la Directive habitat). L’espèce est protégée mais également ses milieux de développement, c’est-à-dire la rivière elle-même. Détruire le barrage dans ce cas précis revient à détruire un habitat protégé au niveau européen! Toute destruction sans connaissance préalable de la faune présente est un non sens!
Ce que vous devez faire
Les associations de propriétaires et riverains comme les associations naturalistes doivent se saisir pleinement de cette question de la biodiversité. La destruction actuelle des ouvrages au nom de la continuité écologique obéit trop souvent à des enjeux halieutiques et piscicoles, non pensés dans une approche écologique globale. Il convient désormais pour les associations de :
- motiver les propriétaires à étudier, documenter, protéger la biodiversité au droit de leurs ouvrages hydrauliques et des annexes (souvent les plus riches),
- rechercher des partenariats pour étudier cette biodiversité orpheline, à ce jour largement ignorée par l'Agence française pour la biodiversité et par certaines structures naturalistes posant à tort que tout habit anthropique serait sans intérêt pour le vivant,
- demander aux syndicats, parcs , fédérations de pêche et tous autres EPCI ou collectivités en charge de l'eau une étude préalable de biodiversité avant toute destruction d'ouvrage hydraulique,
- engager des contentieux judiciaires si des chantiers de destruction de zones humides et de milieux d'intérêt sont engagés sans examen préalable de leur biodiversité, s'il est décidé de détruire malgré une perte nette de biodiversité, si les espèces invasives ne sont pas prises en compte, de manière générale si toutes les précautions demandées par la loi ne sont pas respectées (pour un aperçu de ces obligations, voir les annexes juridiques de la Grille des bonnes pratiques en effacement d'ouvrage).
Que les espèces éventuellement protégées profitent des opportunités offertes par les construction humaine n'est pas nouveau... vous enfoncez des portes ouvertes par ailleurs la loi prévoit explicitement la possibilité de destruction d'espèces protégées.
RépondreSupprimerCe n'est "pas nouveau" pour les écologues ou naturalistes qui l'étudient, mais ce n'est pas le discours que certains fonctionnaires ou certaines parties prenantes de la rivière tiennent aux élus et aux populations. Nous travaillons simplement à rétablir des données qui avaient été oubliées, écartées ou insuffisamment diffusées. Quant à inciter des propriétaires et riverains à se pencher davantage sur la biodiversité, qui serait contre aujourd'hui?
SupprimerPar ailleurs, la loi prévoit en effet la possibilité de détruire des habitats ou espèces protégées. A certaines conditions d'étude, précaution et compensation, qu'il convient de remplir dans les chantiers de destruction d'ouvrages hydrauliques comme dans les autres chantiers modifiant l'environnement. Ce sont ces conditions dont nous demandons le respect, les services DDTM et AFB se montrent anormalement laxistes sur certaines interventions (quand ils sont devenus plus rigoureux sur d'autres).
Au final, lorsque tous les avantages et inconvénients seront correctement posés lors des études préparatoires (pour l'écologie comme pour l'ensemble des autres motifs d'intérêt général que la loi française énumère), lorsque tous les coûts induits par chaque option seront correctement établis, on pourra faire des choix avisés pour la société, pour l'environnement, pour l'économie. Il paraîtrait peu raisonnable et peu défendable de vouloir bâcler les choses et refuser des informations, surtout lorsqu'on engage 100% d'argent public sur certaines opérations (cas des destructions d'ouvrages).