Jacques Archimbaud, président de la commission particulière du débat public (CPDP), a présenté le rapport du débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui s’est déroulé du 19 mars au 30 juin 2018. Ce débat a pris la forme de 86 rencontres publiques auxquelles ont assisté 8 000 personnes, d’un débat en ligne (47 572 visiteurs uniques, 666 questions et 571 avis), de 11 150 questionnaires renseignés, de 193 cahiers d’acteurs et d‘un G400 lors duquel 400 citoyens tirés au sort étaient invités à débattre sur les grands enjeux de la PPE.
Parmi les enseignements de ce débat tirés par la commission, et sa demande conséquente au gouvernement, nous retenons :
- Tenir compte des souhaits formulés dans le débat public quant à une place plus importante pour l’hydroélectricité, le biogaz, le solaire thermique, la géothermie et un renforcement du fonds chaleur.Dans leur majorité, les citoyens sont attachés au développement de l'énergie hydraulique, qui a l'avantage d'être très bas carbone, discrète et peu invasive dans les paysages, moins chère que le solaire racheté aux particuliers ou en petites surfaces, présente partout sur le territoire, complémentaire des énergies intermittentes.
En conséquence, notre association appelle le gouvernement et les collectivités territoriales à trois mesures urgentes :
- cesser toute destruction d'ouvrage hydraulique (moulin, forge, barrage) en rivière, car ils représentent un potentiel énergétique déjà installé, sur des sites qui ont souvent déjà produit de l'énergie dans le passé, et peuvent en produire à nouveau demain ;
- encourager l'équipement de ces ouvrages en autoconsommation ou en injection réseau, ce qui passe d'abord par une simplification et une accélération de l'instruction administrative, aujourd'hui rédhibitoire par ses demandes disprorportionnées et ses délais très longs ;
- financer des passes à poissons et rivières de contournement au droit des ouvrages hydrauliques, là elles sont nécessaires, ce qui permet de concilier la restauration des fonctionnalités écologiques avec le développement de l'énergie hydro-électrique
La destruction des ouvrages hydrauliques au nom de la continuité écologique est une erreur grave de nos politiques publiques, pour l'énergie et pour bien d'autres atouts des ouvrages. La priorité doit être donnée à l'équipement des canaux, digues, chaussées et barrages déjà en place sur les cours d'eau, qui demandent moins de génie civil, moins de coûts d'investissement, moins d'émission carbone que la construction de nouveaux ouvrages. Inversement, il est utile de préserver certaines rivières aujourd'hui intactes de grands barrages hydro-électriques (coeur de parcs nationaux, zones spéciales de conservation), en évitant de créer des pressions sur des cours d'eau relativement préservés.
L'aménagement des sites déjà en place, la construction de sites ichtyocompatibles sur des rivières à faibles enjeux écologiques et la protection de cours d'eau à forts enjeux écologiques doivent devenir les priorités de nos politiques nationales et régionales en matière d'hydro-électricité et biodiversité.
Illustration : installation de deux turbines dans le moulin de la Motte-Josserand (Nièvre, rivière Nohain), puissance de 35 kW, équivalent consommation de 30 familles hors chauffage. La restauration des moulins anciens apporte une énergie locale, propre, bas carbone, intégrée dans le paysage. Les pouvoirs publics doivent l'encourager, déjà en préservant les seuils et barrages qui permettent de créer le potentiel énergétique au lieu de faire pression pour les détruire.
A lire en complément:
Les moulins à eau et la transition énergétique: faits et chiffres
Sur le taux d'équipement énergétique des rivières
Idée reçue : "Un moulin produit moins qu'une éolienne, inutile de l'équiper"
Une majorité de Français veut accélérer l'hydro-électricité plutôt que l'éolien, le solaire ou le nucléaire
Dépenser 1 million d'euros pour casser une usine d'hydro-électricité très bas carbone?
J'aimerais avoir votre avis sur le réarmement du Moulin Ronsard dans le département du Loir-et-Cher. Financé par l'agence de l'eau Loire-Bretagne, sur un axe à fort enjeu pour l'anguille (le Loir). Tout le monde semble content, ce serait donc possible?? Votre avis sur le traitement paysager et patrimonial du projet m'intéresserait, aussi.
RépondreSupprimerNous ne connaissons pas le dossier, autrement que par voie de presse. Dans ce que l'on a lu, le coût semble important : 1 million €, mais la puissance n'est pas précisée. Il importe aussi de ne pas faire dériver les coûts au prétexte qu'il y a des subventions publiques (certains de nos adhérents ont relancé leur moulin pour des coûts de l'ordre de 2000 € / kW installé, sans aucune demande d'aide publique, à condition de ne pas avoir des exigences administratives disproportionnées par rapport à l'impact ou des choix imposés de matériels moins productifs). Mais cet exemple que vous citez, comme d'autres trop rares à date, démontre qu'il est possible de faire des choix qui améliorent l'écologie des migrateurs tout en relançant une production d'énergie bas carbone. Donc en effet, avec un bilan satisfaisant par rapport à l'inertie ou à la destruction.
SupprimerPS : au plan paysager-patrimonial, les turbines et les roues s'intègrent généralement mieux que les vis, et le choix du béton nu est discutable par rapport aux beaux ouvrages empierrés des anciens sites. Mais là encore, les arbitrages doivent être guidés par le réalisme.
On pourrait donc en conclure qu'il n'y a peut-être pas de dogmatisme étatique prônant la destruction du patrimoine...
RépondreSupprimerOn pourrait aussi mettre des points verts sur votre jolie carte, et peut-être verrait-on apparaître que ces cas de compromis acceptables et acceptés sont plus nombreux que vous ne le supposez et l'affirmez.
Je suis d'accord avec vous sur l'appréciation paysagère. Votre ton inhabituellement mesuré me faire penser que c'est sans doute moins grave d'altérer un paysage ou un bâti ancien quand c'est pour faire de l'hydroélectricité que quand c'est uniquement pour des équipements non-productifs (au sens économique)...
Ne réécrivez pas l'histoire et la loi : la passe à poissons doit être la norme (prévue par les parlementaires : "tout ouvrage doit être géré, équipé, entretenu") et l'effacement l'exception. Et la PAP doit être indemnisée totalement si elle représente une "charge spéciale et exorbitante".
SupprimerQuand vous avez plus de 75% de destruction (AESN, AEAP) ou plus de 50% (AELB), vous êtes dans une grave dérive administrative, et une posture dogmatique.
Ce n'est pas en montrant quelques exemples que vous ferez oublier l'abus de pouvoir à la base de la position de la DEB et de ses services.
Donc passe / contournement financée à 100% pour des particuliers, ou contentieux : c'est juste ce que demande la loi, et c'est ce que refusent dans la majorité des cas les fonctionnaires en charge de l'eau.
C'est surtout en ne montrant pas ces quelques exemples que vous nourrissez votre argumentaire conspirationniste envers les services de l'état et le "lobby" des pécheurs et que vous montez la tête à tous les propriétaires d'ouvrages, d’étangs, et de toutes les zones artificielles que vous défendez corps et âme en détournant des documents scientifique à votre avantages.
SupprimerEst-ce si compliqué pour vous d'admettre les méfaits de l'artificialisation des cours d'eau, de la perte de biodiversité que ça créer à une échelle nationale ou même mondiale? Par ce que oui en restaurant la rivière on perd des espèces à l'instant t et à une échelle locale, espèces qui par ailleurs sont présente plus en aval sur les cours d’eau, à des milieux auxquels elles sont inféodées.
Vous défendez une homogénéisation à la fois des habitats et des espèces, vous défendez et luttez pour la préservation d’un cortège d’espèces communes au détriment d’espèces qui elles sont réellement en voie de disparition, par ce que selon vous c’est mieux de défendre l’uniformisation des milieux que de défendre la diversité.
Ca n’est pas agir pour la biodiversité que de travailler pour rendre leurs zones de reproductions, leurs habitats à des espèces en voie de disparition ? Est- ce mieux agir pour la biodiversité que de lutter pour la préservation de son ouvrages, de son étangs parce que des espèces communes vont être délocalisé plus en aval, en faveur d’espèces aujourd’hui en voie de disparition sur bon nombre de cours d’eau français et mondiaux ?
La perte de biodiversité n’en est pas une, arrêter votre endoctrinement auprès de vos confrères propriétaires de moulin ou de plans d’eau, la perte de biodiversité comme vous l’entendez ne concerne que votre jardin, ces même espèces (communes) dont vous vous servez pour défendre vos intérêts se retrouve plus en aval et ne sont la plupart du temps ici que par ce que les milieux ont été modifiés et qu’ils sont aujourd’hui totalement artificiels.
Allons bon, "conspirationniste"... l'Etat programme sciemment la destruction préférentielle des ouvrages dans des documents que nous rendons publics : ce n'est pas une conspiration, c'est une politique. Et elle est déplorable. Quant au lobby pêcheur, par la voix de la FNPF ou de ses fédérations départementales, il prend lui aussi sur la continuité les positions que nous reproduisons régulièrement.
SupprimerPour ce qui est de la biodiversité, vous n'avez pas une seule étude sur l'impact des moulins hors du blabla généraliste de l'AFB-Onema et des fédérations de pêches centré sur des typologies idéales de poissons, cela ne formant certainement pas une approche scientifique de la diversité biologique.
Inversement, les quelques études scientifiques avec inventaire sur des habitats de type mares, étangs, petits lacs d'origine artificielle, ont montré qu'ils jouent désormais un rôle favorable à la diversité des espèces, y compris certaines protégées.
Mais bien sûr, il faut lever les yeux de son hameçon, penser à autre chose que la truite et le saumon, se demander aussi bien combien de macrophytes, insectes, amphibiens, oiseaux, etc vivront sur un site avant ou après sa modification. Il faut aussi sortir du fantasme de la "nature sauvage" irriguant votre propos, qui est une idée pouvant intéresser des ONG ayant une certaine idéologie de la nature (à notre connaissance très minoritaire dans la société), mais qui n'est pas une idée scientifique en soi et qui n'a pas à s'imposer comme fondement d'une politique publique démocratique, en particulier quand elle n'est inscrite nulle part dans la loi.