Dans son nouveau rapport de 400 pages, le Groupe international d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) analyse notre situation climatique. Commandé par l'ONU au moment de l'accord de Paris (2015), ce texte du GIEC doit nourrir le processus de révision des engagements nationaux, qui sera lancé à la COP24 en décembre prochain.
Le rapport du GIEC observe à propos des scénarios qui permettraient de contenir le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle (chapitre 2, p.53) :
"Vers le milieu du siècle, la majorité de l’énergie primaire provient de combustibles non fossiles (c’est-à-dire les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire) dans la plupart des trajectoires à 1,5 ° C (…)
L'énergie renouvelable (biomasse, hydroélectricité, solaire, éolienne et géothermique) augmente dans toutes les trajectoires à 1,5 ° C, la part d'énergie renouvelable dans l'énergie primaire atteignant 28–88% en 2050, avec une plage interquartile de 49–67% . La magnitude et la répartition entre bioénergie, éolienne, solaire et hydro-électricité diffèrent d'une trajectoire à l'autre."
La France est en retard sur ses objectifs et engagement énergétiques, comme l'avait relevé l'OCDE. Les émissions carbone sont même reparties à la hausse depuis deux ans, malgré les efforts accomplis.
Face à la difficulté et au coût de la transition bas-carbone, on ne peut plus faire comme si nous avions le luxe de négliger des opportunités.
L'énergie hydraulique a de multiples atouts, en particulier la petite hydraulique relancée sur les sites existants :
- elle a le meilleur bilan carbone de toutes les énergies en région boréale et tempérée, et plus encore quand on restaure des sites anciens (GIEC SRREN Report 2012) ;
- elle a le meilleur bilan matière première, car sa technologie est simple, concentrée, robuste et à longue durée de vie (Kleijn et al 2011 et Van Der Voet et al 2013).;
- elle a le meilleur taux de retour sur investissement énergétique (EROEI), c'est-à-dire qu'elle est la plus efficace quand on intègre ce qu'elle consomme et ce qu'elle produit sur toute la durée de vie (Murphy et Halls 2010) ;
- elle a une forte acceptabilité sociale, car elle n'a pas de nuisance visuelle ou sonore, n'altère pas les paysages, ré-utilise en général des ouvrages existants et est associée à des retenues qui ont de nombreux autres usages sociaux (voir le résultat de la concertation publique PPE 2018) ;
- elle a une bonne rentabilité économique et coûte moins cher au contribuable (CSPE) que d'autres énergies moins mature (hydrolien, éolien offshore, solaire en petite installation, etc.) ;
- elle est bien répartie sur le territoire, ne demande pas de développer le réseau très haute tension et permet de produire à proximité de la consommation (moins de perte en distribution) ;
- elle permet à tout un tissu économique local de se développer pour l'installation et la maintenance des équipements.
Malgré ces évidences, nous assistons à une aberrante politique à contre-emploi en France : la direction de l'eau du ministère de l'écologie et les agences de l'eau encouragent et financent la destruction des ouvrages hydrauliques susceptibles de produire de l'énergie locale et propre. Cela inclut même, comble de l'absurdité, des barrages et usines hydro-électriques en fonctionnement :
Le seul autre pays dans le monde engagé dans une politique de destruction aussi systématique des ouvrages hydrauliques, ce sont les Etats-Unis d'Amérique : la France veut-elle copier en Europe les champions occidentaux des émissions carbone ?
Cette politique de destruction des seuils et barrages dilapide l'argent public, aggrave le bilan carbone, retarde la transition énergétique en France et nuit à long terme à nos capacités d'adaptation au changement climatique (stockage et régulation de l'eau). Elle doit cesser immédiatement, comme nous en avons fait la demande à François de Rugy. Et comme la commission du débat public sur la programmation pluri-annuelle de l'énergie vient aussi de le rappeler au gouvernement, l'hydro-électricité figure en bonne place dans les énergies dont les Français souhaitent le déploiement. .
Et les impacts? Moins empreint à dresser la liste? Evidemment que le bilan carbone est bon. Si ce mode de production ne posait pas autant de problème, tout le monde le soutiendrait. Cela n'est évidemment pas le cas d'où les problèmes. Remettez vous en question et cessez de dresser un tableau idyllique. Les amis des moulins ne sont pas les amis des rivières....
RépondreSupprimerLes impacts se corrigent selon le principe réduire-compenser. L'hydro-électricité s'y plie : grilles fines, meilleure gestion des débits réservés, passes à poissons, etc. Le tout est de rester raisonnable dans la proportion de l'impact et de la correction (ce que ne sont pas aujourd'hui certains fonctionnaires eau et biodiversité, car leur horizon est de supprimer tout impact, ce qui est évidemment impossible, donc ils font des demandes qui n'ont pas de sens.)
SupprimerDans leur production, déploiement, démantèlement, toutes les sources d'énergie ont des impacts : c'est vrai pour le nucléaire, le fossile, l'éolien, le bois, le biocarburant, le solaire etc. Le nier est infantile ou manipulateur.
On connaît très bien le discours des militants maximalistes : ils vont se concentrer uniquement sur les impacts de ce qu'ils n'aiment pas, et comme ils ne sont pas en responsabilité, peu leur importe de proposer des alternatives : leur discours est toujours négatif et critique, ils ne s'intéressent pas au coût de leurs idées, ils mènent un combat sectoriel sans la vue d'ensemble. Mais cette manière-là de penser les problèmes ne mène à rien et fort heureusement, on s'en aperçoit peu à peu.
En matière de "remise en question", réfléchissez donc à la trajectoire de M. Nicolas Hulot : si l'on en est réduit à abandonner un poste gouvernemental important, c'est un aveu d'impuissance et d'échec. Cela doit conduire à réévaluer la manière dont on cherche des solutions environnementales, avec l'économie et avec la société, pas contre elles.
Je ne comprends pas le rapport entre vos écrits et la photo de l'ouvrage de prusly?
RépondreSupprimerCe n'est pas grave, nous avons compris que vous ne compreniez pas, depuis un certain temps déjà.
SupprimerDétruire les moulins.... Il y a bien longtemps qu'il n'y avait plus de moulins à Prusly et le seuil avait été relevé de 70 cm sans aucune autorisation. A ce jour la situation est juste conforme au réglement d'eau.
RépondreSupprimerAh, si vous faites juste le travail de la police, c'est différent. On se doutait bien que ce sale boulot n'avait rien à voir avec l'écologie, notez bien.
SupprimerJ'aimerais avoir votre avis éclairé sur une question qui me traverse l'esprit. Pourquoi ne pas équiper les cours d'eau navigables comme l'Yonne par exemple? Que pensez vous d'un vrai choix écologique et économique d'équiper les écluses du canal de bourgogne par exemple que vous connaissez bien. Tout l'hiver, hors période de navigation ne serait'il pas possible d'y faire tourner des machines.
RépondreSupprimeravantages : économies d'échelle, génie civil existant, pas besoin de pap...
Il faut examiner au cas par cas, mais il est rare que les équipements au fil de l'eau sans chute soient rentables. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé récemment le gel du soutien de plusieurs projets hydroliens, en raison des rendements trop faibles des prototypes. Dans le cas du canal de Bourgogne, entre l'absence de chute (ou minime) et la faiblesse du débit, la rentabilité serait douteuse (outre la contrainte de génie civil de devoir libérer l'espace pour la navigation).
SupprimerLes basses chutes et coursiers de roue au fil de l'eau peuvent être intéressants pour des particuliers à faible consommation chez eux, avec des dispositifs de quelques kW maximum, et un rendement souvent entre 0,3 à 0,6.
En hydro-électricité, la priorité de réflexion pour une politique publique doit aller aux chutes par rapport aux débits, car ce sont toujours les cas les plus rentables (elles exploitent l'énergie gravitaire, pas la seule énergie cinétique). Les moulins ont souvent été installés dans les zones les plus propices : comme leurs ouvrages et canaux sont déjà en place, c'est naturellement le premier choix d'équipement. Il en va de même pour les barrages d'eau potable, de navigation avec chute ou, dans le cas du canal de Bourgogne, des divers barrages de soutien d'étiage du canal. Quel dommage que le barrage de Pont, avec ses 20 m de hauteur, n'ait pas été équipé par VNF : voilà qui aurait été rentable très facilement. Mais il semble que la commune, le SMBVA, les services de l'Etat et donc VNF n'y aient pas pensé comme une chose utile, en ce temps de transition, lors de la construction récente du nouveau déversoir de crue.
De visu, je pensais que les ecluses avaient une belle hauteur de chute en non pas au fil de l'eau.
RépondreSupprimerN'a t'on pas fait exprès de ne pas équiper le lac de pont pour discréditer les moulins?
A nouveau, ce serait à voir au cas par cas, mais les équipements de canaux de navigation sont rares à notre connaissance (les rivières canalisées, c'est un peu différent). Dans le cas du lac de Pont, à ce qu'on nous avait dit, c'était essentiellement l'impréparation de VNF qui n'avait pas pris cette hypothèse en compte assez tôt, et n'aurait pu ensuite l'intégrer dans le projet. Pourtant, l'occasion était en or : vidange complète, plus de 10 M€ déjà engagés sur le déversoir (l'ajout d'une turbine était minime dans le coût de projet), pas de continuité écologique (le classement L2 commence après le barrage, le franchissement est de toute façon impossible).
SupprimerVotre cartographie du désastre n'est pas à jour à Prusly sur Ource.
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