La pétition exigeant que l'Etat s'engage résolument dans la prévention du réchauffement climatique est sur le point de recueillir 2 millions de signatures. Ce phénomène exceptionnel signale que la société civile se réveille et qu'elle n'entend plus subir de manière passive les actions ou inactions des technocraties. Mais la France est aussi le pays d'un scandale sans précédent : alors même que toutes les voix appellent au développement des énergies bas carbone de manière distribuée sur tous les territoires, le ministère de l'écologie et plusieurs lobbies ont engagé une politique de destruction à grande échelle du potentiel hydro-électrique du pays, allant jusqu'au démantèlement sur argent public de barrages hydro-électriques en parfait état de fonctionnement, comme sur la Sélune ou sur la Risle. De même, les services de ce ministère bloquent un peu partout la relance des moulins, forges et usines à eau par des complications réglementaires et des impositions de coûts économiques irréalistes. Cette dérive doit cesser: la société française ne peut plus supporter de tels carcans aberrants et gabegies honteuses. En 2019, nous appelons les propriétaires, riverains et leurs collectifs à briser partout les obstacles bureaucratiques, à se ré-approprier leur avenir et à s'engager dans la transition écologique qui formera un enjeu majeur de ce siècle.
La pétition pour une action vigoureuse de l'Etat sur le climat, lancée par 4 ONG (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Oxfam France) et baptisée l'Affaire du siècle, est sur le point de recueillir 2 millions de signatures. Si des critiques ont été émises sur la sécurité des signatures, mal assurée, il ne fait guère de doute que le soutien est massif. Il fait suite à plusieurs marches pour le climat organisées en France après la démission de Nicolas Hulot, en août dernier.
Cette pétition est adossée à un recours en justice contre l'Etat français pour "carence fautive", c'est-à-dire efforts insuffisants pour mettre en oeuvre les obligations de la France en matière de transition énergétique bas-carbone.
Voici quelques remarques sur cette initiative :
- comme la pétition des "gilets jaunes" sur la taxe carbone (1,1 million de signatures, là aussi un record) quoique dans une direction différente, ce mouvement des citoyens représente une affirmation de plus en plus forte de la société civile face à des bureaucraties publiques françaises dont le fonctionnement est trop rigide, trop lent, trop déconnecté des réalités, trop prisonnier des jeux parisiens de lobbies et de coteries ;
- le récent rapport 2018 du GIEC sur une planète dont la hausse de température serait limitée à +1,5°C signale que le combat est déjà quasiment désespéré. Il faudrait en effet zéro émission carbone nette dans le monde en 2050, cela alors que la population atteindra 9 à 10 milliards d'humains, avec une croissances des pays émergents, une déforestation en zone tropicale, un usage persistant du fossile pour assurer la base des réseaux et les transports.
- les efforts pour limiter le risque d'un réchauffement climatique dangereux seront donc immenses, sans précédent connu dans l'histoire. Si le gros des progrès doit concerner l'usage des sols en agriculture (déforestation au premier chef), la décarbonation du transport routier et du chauffage des bâtiments, la production d'énergie reste un enjeu majeur de cette transition. Nous devons inventer aujourd'hui et très rapidement un monde post-fossile, un monde à sources d'énergie distribuées partout sur les territoires. En France, cet enjeu climatique se double d'un enjeu d'indépendance énergétique : nous sommes dépendants de toute ressource fossile (ou fissile) que nous devons importer, alors que les tensions seront de plus en plus fortes sur ces ressources.
- en France hélas, des visions maximalistes de l'écologie ayant gagné certains services de l'Etat ont conduit à un quasi-gel des initiatives en hydro-électricité, qui est l'une des énergies au meilleur bilan carbone en zone tempérée et boréale, mais aussi au meilleur bilan matières premières par sa simplicité et à excellent taux de retour énergétique. Non seulement les projets sont assommés de complications réglementaires, mais le ministère de l'écologie et la technocratie de l'eau envisagent de détruire les barrages hydro-électriques de la Sélune (gabegie de 50 M€ d'argent public), de détruire l'usine hydroélectrique de Pont-Audemer (gabegie d'au moins 1 M€). Partout les services de l'Etat freinent et alourdissent les demandes de relance hydro-électrique des moulins, des forges et des anciennes usines à eau, au point de pousser certains porteurs de projet à l'abandon face aux coûts et complexités (voir dans la seule actualité de décembre cet exemple aux Eyzies, cet exemple à Argentré, cet exemple au Bugue). Le lobby des pêcheurs et certaines ONG font pression et parfois déposent des plaintes contre des projets hydro-électriques (voir cet exemple au Theusseret, cet exemple à Chanteuges), allant à contre-courant du mouvement général de relocalisation et de diversification des sources d'énergie.
Aujourd'hui, 2 millions de personnes demandent d'agir pour le climat. Un Etat qui détruit le patrimoine hydraulique et le potentiel hydro-électrique de son pays en pleine transition énergétique est devenu inaudible et illégitime. En 2019, nous appelons toutes nos consoeurs associatives, tous les collectifs riverains, tous nos adhérents et sympathisants à s'engager pour la protection de sites hydrauliques menacés, à développer des projets de relances énergétiques et à promouvoir des rivières durables dans le cadre de la transition écologique.
C'est un abus de pouvoir
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