Sans attendre l'issue des différentes procédures judiciaires engagées, le ministère de l'écologie et le préfecture ordonnent l'accélération de la destruction des barrages de la Sélune. Pas seulement les installations électriques, par lesquelles devait commencer le chantier, mais la structure même du barrage de Vezins, attaquée à sa base. Malgré cela, on attend avec espoir l'avis du conseil d'Etat sur le référé et du juge de première instance sur le fond. C'est le sacrifice planifié de deux lacs et d'un outil de production hydro-électrique bas carbone au service du lobby des pêcheurs de saumon, ce lobby qui tire prétexte de la "continuité écologique" pour promouvoir son loisir. François de Rugy n'a pas caché qu'il préfère ce lobby si souvent reçu à son ministère à l'urgence de la transition énergétique rappelée par 2 millions de citoyens. Le pire est certainement le silence des médias nationaux, ces mêmes médias qui font volontiers de la surenchère lorsque des riverains s'opposent à tel ou tel "grand projet inutile", mais se taisent lamentablement ici. Cinquante millions d'euros pour 1300 saumons et le sacrifice de 20.000 riverains : c'est la manière dont le gouvernement veut démontrer qu'il a entendu la colère des Français sur le matraquage permanent de ses bureaucraties, c'est la manière dont on traite la fracture territoriale entre les riches métropoles et la ruralité devenue le joujou des technocrates hors-sol faisant des cadeaux à des clientèles choisies. Nous comptons sur nos lecteurs pour faire entendre cette colère, pour saisir leurs parlementaires - en particulier ceux de la majorité censée soutenir cette gabegie - et pour dire tout le mal qu'ils pensent de dérives dont le gouvernement sera comptable.
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Voilà une bonne nouvelle qui ne satisfera pas uniquement le lobbying des pêcheurs que vous avez dans le collimateur, mais aussi toutes les personnes qui aspirent à voir diminuer raisonnablement la part des grands aménagements dans nos paysages, dans le contrôle de la nature, etc.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas uniquement de 1300 saumons, cela va bien-au-delà. Cette décision reflète aussi le rapport que nos sociétés entretiennent avec les grands aménagements, tels les aéroports, les autoroutes, etc.
Cette décision divise, c'est bien normal. Mais je ne pense pas qu'on puisse résumer les tensions qu'elle suscite par un clivage entre les gens des métropoles, les "bureaucrates" d'un côté et les gens des campagnes, "du terrain" qui connaissent la "vraie" vie et qui ont du "bon sens", de l'autre.
Parmi les "gilets jaunes", nombreux sont ceux qui soutiendraient cette décision je pense.
Bien entendu, le barrage pourrait être utile à la transition énergétique... mais sa destruction la compromet-t-elle? Je ne crois pas. La transition énergétique ne passe pas nécessairement par le "gel" et la valorisation énergétique de tous les aménagements disponibles à ce jour.
Vous pouvez lire cet article sur le déni démocratique ayant présidé au processus de décision, puis d'ignorance de l'avis des riverains :
Supprimerhttp://www.hydrauxois.org/2016/04/vallee-de-la-selune-en-lutte-1-le-deni.html
La destruction des barrages figure dans les "grands projets inutiles", surtout si elle s'accompagne en compensation d'une nouvelle artificialisation des sols pour installer d'autres sources d'énergie dont le bilan est mauvais aussi en terme de biodiversité, de paysage, de bétonnage. On voit d'ailleurs un peu partout des contestations contre des projets éoliens, solaires au sol, exploitation vois ou méthanisation, cela rappelle qu'exploiter massivement des ressources naturelles renouvelables implique de "changer la nature" là aussi dans la plupart des cas. Alors pourquoi détruire des changements réalisés il y a longtemps déjà, qui ont beaucoup d'atouts de surcroit? Les ouvrages sont en place, ils procurent de l'eau, de l'énergie, des loisirs, des milieux, les casser sur argent public est une aberration.
Ce sont les pêcheurs de saumon qui mènent l'essentiel de ces revendications - c'est visible dans tout le processus (depuis la loi pêche de 1984 déjà qui est la base du 214-17 CE de la LEMA 2006).
http://www.hydrauxois.org/2018/03/les-amis-de-la-selune-faux-nez-du-lobby.html
Après, vous avez sûrement des écologistes à vision "intégriste" qui veulent une "nature sans l'homme" et qui vont, par réflexe et par principe, approuver toute casse d'aménagement humain. Nous doutons que cet intégrisme soit le moins du monde majoritaire dans la population française ou normande, en particulier que la population correctement informée consentirait à dépenser un argent public rare pour de telles visions. Mais que cet intégrisme ait gagné certains esprits dans l'appareil d'Etat français, nous en doutons moins...
Enfin, les "gilets jaunes" (mais certainement pas qu'eux !) demandaient de participer aux décisions et de laisser les citoyens s'exprimer davantage, notamment dans les choix de démocratie locale. La fracture territoriale (politique, économique, sociale) est constatée par tous les observateurs, ainsi que la fracture démocratique où les "élites" sont perçues comme hors-sol, détachées des réalités, soumises à des intérêts non démocratiques, imposant des vues surplombantes qui n'apportent pas toujours de bénéfices manifestes. Ce sont des tendances lourdes qui ont déjà 10-20 ans dans nos démocraties, nous disent les politistes qui essaient d'objectiver ces phénomènes.
On attend les évolutions, notamment la possibilité de déclencher des référendums locaux, la transparence complète de la vie publique et des données administratives, la représentation bien plus massive de la société civile dans les instances de délibération (jurys citoyens tirés aux sort, élargissement des associations et partis dans les CB et CLE, etc.). Pour l'instant on reste largement dans une bureaucratie opaque, tenue d'une main de fer par les jacobins parisiens. Ce qui fonctionne quand même de plus en plus mal, et les mêmes causes produiront les mêmes effets si cette gouvernance ne change pas.
Enfin, même si les tribunaux et cours donnaient tort aux riverains - mais nous gardons espoir -, la Sélune est d'ores et déjà un échec d'image et de gouvernance, comme l'ensemble de la continuité dite "écologique" qui cherche désespérément à sortir de ses contradictions et de ses blocages.
Vous omettez de parler du lobby des lamproies marines, des aloses, des truites de mer et des anguilles.
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