Le 3 octobre 2019, le sénateur de la Mayenne Guillaume Chevrollier a questionné au sénat Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, à propos de la gestion des ouvrages hydrauliques et de l'adaptation des politiques de l'eau au changement climatique.
Après avoir rappelé la nécessité de modérer nos usages en eau et les différentes manières de soutenir la ressource (barrages, retenues collinaires, petits ouvrages en lits mineurs et dans leurs annexes de type moulins et étangs, restauration de zones humides naturelles), le sénateur a clairement demandé l'objectif de "zéro perte nette en eau" dans les politiques publiques des rivières. Cela implique pour lui la protection de tous les ouvrages hydrauliques qui contribuent au long de l'année à nourrir des nappes, des sols, des zones humides. Il s'est inquiété auprès de la ministre de la destruction de centaines d'ouvrages au nom de la politique de continuité écologique. Nous remercions vivement ce parlementaire de son écoute et de son alerte sur ce problème grave, mis en lumière cet été par la nouvelle Coordination nationale eaux & rivières humaines (CNERH).
La ministre Elisabeth Borne a répondu au sénateur :
"Effectivement, on a des objectifs importants de restauration des continuités hydrauliques, des continuités des cours d'eau, il est évident qu'ils doivent être pris de manière pragmatique. Je pense que la restauration de la continuité piscicole ne doit évidemment pas se faire au détriment du soutien d'étiage qui est également un enjeu essentiel en terme de biodiversité. C'est avec cette double approche que les sujets doivent être examinés, et je pense que c'est le sens de ce que portent mes services, mais je m'assurerai que c'est bien le cas."
Nous nous réjouissons de cette réponse de la ministre. Dans tous les cas où les instructions locales de l'Etat conduisent à accepter des projets détruisant des ressources en eau (retenues, étangs, plans d'eau, canaux, zones humides annexes en eau, niveau des nappes observables dans les puits et captages), notre association ne manquera de saisir les parlementaires, la ministre et la justice pour faire constater le trouble... mais surtout pour le faire cesser! Nous encourageons toutes nos consoeurs associatives à faire partout de même désormais : les riverains doivent s'engager pour protéger les ouvrages, ressources et milieux menacés.
La restauration de continuité en long a des enjeux évidents pour des espèces pénalisées par certains ouvrages, et sur certaines rivières, mais elle ne peut se faire par la destruction pure et simple de ces ouvrages qui présentent bien d'autres intérêts pour l'eau, pour le vivant et pour la société. On doit donc faire émerger un nouveau regard sur les ouvrages et leur apport aux biens communs, ainsi que de nouvelles solutions pour la continuité en long.
Voir la vidéo.
En quoi un seuil ou un barrage soutient il la ressource? Il captera un volume non restitué à l'aval mais en rien ne soutient la ressource. Sur la rivière Ource, il y a un ouvrage au km linéaire, soit 4 fois plus que la moyenne nationale et pourtant la ressource n'est guère soutenu à lire les articles de presse locaux. Il faut le redire, la ressource des cours d'eau dépendent des pluies pas des barrages. Cessez d'inventer des vertus aux ouvrages que vous chérissez tant. Que vous les défendiez, et ça n'a pas l'air simple ok, mais avec les bons arguments.
RépondreSupprimerEvidemment, face à une sécheresse extrême, un ouvrage ne peut rien. Mais c'est tout aussi vrai des "solutions fondées sur la nature" et des zones humides naturelles, elles sont elles aussi soumises au stress hydrique, à l'évaporation etc.
SupprimerLa question est donc de savoir dans les 10 mois de l'année qui ne sont généralement pas en sécheresse et où la pluie est parfois excédentaire par rapport au contenant du lit de la rivière ce que l'on fait de l'eau.
Le dogme de la continuité exige des eaux plus rapides (lotiques) qui ne sont pas freinées dans leur écoulement. Donc concrètement, on va plus vite vers l'aval, on ne retient pas, on ne stocke pas dans des retenues et on ne divertit pas dans des canaux latéraux. Affirmer que cette solution est favorable à la ressource en eau au fil de l'an est absurde. D'ailleurs, divers porteurs de projets se flattent que casser de l'ouvrage "limite les inondations" alors que justement, inonder le lit majeur est vu comme une bonne chose tant pour épandre la crue que pour nourrir des milieux en marge terre-eau.
Vous parlez de l'Ource, comment se porte le kilomètre de biefs mis à sec par la destruction des vannages de Prusly et de Villotte, biefs dont la fédération de pêche comme le syndicat et l'OFB ont refusé le moindre inventaire de biodiversité, alors qu'une simple promenade révélait leur richesse (libellules, poissons, macrophytes, oiseaux, etc.)? Comment vont-ils évoluer à 10, 20, 30 ans?
Vous pouvez aussi venir en Morvan et comparer la situation de l'étang de Bussières (détruit) et de l'étang Neuf juste à côté : le second a passé l'été en eau, le vivant a apprécié ; la Romanée a été à sec à l'amont comme à l'aval de l'étang de Bussières, où l'ancienne végétation rivulaire crève, la "solution fondée sur la nature" ne change rien du tout.
Détruire les ouvrages est une gabegie d'argent public, elle se fait de surcroit sans estimation de la perte maximale de surface en eau par un projet de continuité engageant destruction, sans compensation de cette perte par la création d'une surface équivalente. Il faut y mettre un terme.
Petite question qui j'espère ne suscitera pas l'ire fréquente sur ces sujets... : lâcher des milliers de mètres cubes de flottes juste pour les touristes (canaux et autres rivieres du morvan) est il raisonnable en matière de gestion d'eau ?
RépondreSupprimerBonjour
SupprimerTout d'abord, vous n'avez pas de raison particulière de craindre "l'ire" de notre réaction si vous exprimez un parti-pris assumé sur la rivière : nous sommes en démocratie libre de notre opinion sur ce que doit ou ne doit pas être un milieu. Du moins nous sommes encore libres... Ce qui soulève notre "ire", ce sont des travestissements de la réalité dans la parole publique, et en ce domaine des ouvrages hydrauliques, il y a bel et bien eu des manipulations volontaires et répétées.
Tout le monde comprend que le "partage des eaux" est compliqué, a toujours été compliqué et a de bonnes chances de l'être plus encore à l'avenir (pression économique et démographique, changement climatique, cris de la biodiversité, émergence d'attentes sociales contradictoires et pour le moment inconciliables).
Vous vous plaignez des lâchers d'eau pour les touristes. Mais sauf erreur, des lâchers d'eau en soutien d'étiage profitent aussi aux milieux. Quand les barrages d'alimentation du canal de Bourgogne lâchent de l'eau (par exemple), cela sert aussi aux milieux qui collectent une partie de cette eau (pas qu'aux canaux – ces canaux étant d'ailleurs des milieux en soi, étudié en écologie scientifique). De même, l'existence des réservoirs sert aussi aux milieux, en particulier aux espèce nombreuses qui colonisent les eaux et les marges de ces réservoirs.
Outre que le bilan écologique est donc à clarifier avant de suggérer qu'il y a un problème grave (si c'est votre pensée), le bilan social est probablement bon puisque des touristes profitent de l'eau en été. Encore faut-il le clarifier aussi, ce qui est peu fait à notre regret. Nous manquons d'études sociologiques et économiques de l'eau depuis que la rivière est vue surtout comme "phénomène naturel" par le gestionnaire public, avec en conséquence peu d'argent pour financer des travaux de sciences sociales et humaines. Cela fait partie des biais de méconnaissance dans les politiques publiques.
On a tout à fait le droit de préférer des sortes de "rivières-musées" ou "rivières-réserves" dont l'humain est exclu et où le vivant ne reçoit aucune influence (si l'on commence à interdire X au prétexte d'un impact, n'espérez pas trop que Y et Z soient tolérés longtemps s'ils ont le moindre impact eux aussi, ce qui est généralement le cas). Ce n'est pas notre vision de la rivière, ce n'est non plus celle de la loi française (art L 211-1 CE). mais chacun est libre d'exprimer ses attentes et de militer pour que ses attentes deviennent la loi commune car elles expriment la vision majoritaire sans sacrifier le droit de pratiques minoritaires.
Bonjour,
RépondreSupprimerLe lac d'Annecy en 2018 est un bon exemple de gestion dogmatique des débits réservés. On a restitué le débit réservé pendant plusieurs semaine de faible apport et provoquer un fort abaissement du lac avec mise à sec de roselières protégée. Quand le niveau était devenu trop bas, on a diminuer fortement le débit dans le cours d'eau en aval. un débit réservé plus faible mais constant sur toute la période aurait permis un moindre abaissement du lac et éviter la forte diminution de débit réalisée dans le cours d'eau en aval pour éviter un abiassement trop important du lac.
Il est aussi probable que les prélèvements pour l'eau potable de l'agglomération d'annecy ont ponctionné une partie significative du faible débit disponible.