La DREAL Normandie organise du 3 au 17 février 2020 inclus une consultation du public pour la demande de dérogation présentée par Électricité de France, pour les travaux de démantèlement du barrage de la Roche qui boit, sur les communes de Virey, Saint-Martin-de-Landelles et Saint-Brice-de-Landelles (50).
Le dossier de consultation fait apparaître que :
"Le projet aura un impact 4 espèces végétales protégées et sur les groupes faunistiques suivants :
- Oiseaux : 2 espèces,
- Chiroptères : 6 espèces,
- Amphibiens : 4 espèces,
- Poissons : 6 espèces."
Ce dossier est incomplet: nous avons montré que la loutre est bel et bien présente dans la zone, ce que l'étude faite au début des années 2010 ne retient pas. La loutre est aussi protégée, et peut utiliser les plans d'eau comme vivier. Il est par ailleurs reconnu que les lacs de barrage ont un effet tampon et épurateur des pollutions, non étudié dans le dossier. Les habitats de la baie du Mont Saint-Michel subiront donc des flux accrus de nutriments, pesticides et autres polluants.
Combien d'autres espèces ont été négligées dans ce dossier à charge, où l'Etat a fait pression depuis 15 ans pour détruire les barrages de la Sélune?
La bureaucratie de l'eau dilapide ainsi l'argent public (50 millions €) pour effacer ces barrages qui
- ont été soutenus en consultation par 99% de leurs riverains,
- produisent une énergie bas carbone,
- ralentissent les inondations de la vallée aval,
- forment la principale réserve d'eau potable locale,
- nourrissent les activités socio-économiques autour des lacs,
- protègent la baie du Mont-Michel des pollutions,
- hébergent des espèces protégées et abritent une forte biomasse.
Ecrire à l'enquête publique
Illustration : Le lac de la Roche qui boit, Epncantonducey, Travail personnel, CC‑BY‑SA
Entre nous, je doute fort que le lobby des pêcheurs face le poids face au pouvoir politique que représentent EDF et les grands corps techniques de l'Etat présents aux sommets des différents ministères, et plutôt proches des industriels.
RépondreSupprimerSi la décision de suppression est maintenue, elle se fait pour d'autres motivations qui dépassent très largement les enjeux écologiques locaux sur la Sélune, et ont très certainement à voir avec la politique énergétique de la France et la place qu'EDF y tient.
Non?
Je précise bien, je ne suis pas du tout dans une perspective complotiste! Juste, je doute très fortement que sur un site comme ça, les positions défendues par les défenseurs des saumons l'emportent.
Combien de barrages supprimés en France, pour combien de barrages et de centrales maintenus?
Quoi qu'il en soit, vos critiques sur la prise de décision me semblent fondées, mais je n'insisterais pas autant sur l'emprise de l'écologie radicale sur notre pouvoir exécutif...
Il ne fait aucun doute que EDF forme un lobby à part entière en France, et même un "Etat dans l'Etat" disent certains, en raison du poids historique de l'énergéticien à capitaux publics et des grands corps qui traditionnellement soutiennent ses choix.
SupprimerPour autant, EDF dans le cas de la Sélune a subi un arbitrage défavorable dont la demande venait bel et bien de deux autres lobbies: celui des pêcheurs de salmonidés et celui des adeptes de la nature sauvage. Cela ne veut pas dire que ces deux derniers lobbies sont plus puissants ou influents qu'EDF, mais c'est une réalité. Et pour ceux qui sont moins puissants qu'EDF, comme les moulins et étangs, ce sont déjà des centaines de sites détruits par pression de l'Etat à la demande de ces lobbies. Nous continuerons donc de les appeler et dénoncer comme tels tant qu'il n'y aura pas démocratisation des choix publics.
Car il y a un camp qui n'a pas eu de lobby dans cette affaire, celui des riverains des lacs de la Sélune, dont le destin a été scellé à Paris dans le cadre des négociations du PARCE 2009 et de la Trame bleue à l'époque de Sarkozy et Jouanno (Grenelle de l'environnement et ses suites). Cette manière de faire de la politique (ici de l'écologie, mais c'est vrai partout), nous la contestons. Il faut rendre aux citoyens davantage de contrôle de leur cadre de vie, il faut garantir aux choix publics bien plus de transparence et d'analyse critique.