Le document que s'est procuré Hydrauxois est hallucinant à lire : le groupe de travail sur la Stratégie nationale biodiversité 2030 de la France propose d'engager la destruction de 20 grands barrages hydro-électriques et l'effacement de milliers d'autres petits ouvrages sur 50 000 km de rivière. Le ministère de l'écologie et sa haute administration accueillent ces délires sectaires sans rappeler que de telles mesures sont parfaitement contraires à la loi Energie & climat de 2019 et à la loi Climat & résilience de 2021. Outre qu'elles sont évidemment impensables à l'heure où l'Etat français est condamné en justice pour son retard dans l'action climatique, où l'argent manque pour les enjeux essentiels de l'écologie comme pour l'accompagnement social de la transition. Les lobbies de la "nature sauvage" à l'oeuvre dans les coursives de ce ministère doivent être recadrés par les représentants de la République, et non pas encouragés dans leur dérive de destruction du patrimoine hydraulique du pays! Nous demandons aux députés et sénateurs d'interpeller Barbara Pompili sur ce nouveau scandale.
La stratégie nationale pour la biodiversité 2030 est en cours d'élaboration et d'arbitrage au ministère de la transition écologique, sous l'égide de la direction administrative aménagement, logement, nature. Notre association s'est procuré le dernier document du groupe de travail, en date d'octobre 2021.
Le document comporte un axe 1 "Des écosystèmes protégés, restaurés et résilients" et une solution 5 "Remise en bon état des continuités écologiques". Au sein de cette solution 5, des mesures sont préconisées. L'une d'elle s'appelle "Nouvel élan pour la trame bleue".
Voici la description de cette mesure sur la continuité écologique de l'eau :
"Le rétablissement de l’écoulement libre des cours d’eau est une priorité pour la bonne santé des écosystèmes aquatiques de l’amont jusqu’à la mer. A cette continuité écologique longitudinale dans l’axe des cours d’eau, s’ajoute l’importance de préserver et restaurer la continuité latérale, au niveau des berges, des ripisylves et des zones humides alluviales, tous ces éléments contribuent à préserver et restaurer l’hydromorphologie et la dynamique fluviale, soutenant les habitats des espèces aquatiques..
-Poursuite de l’objectif de restauration de la continuité écologique de 50 000 km de cours d’eau, ceci par :
- l’effacement des obstacles à l’écoulement prioritairement,
-et, le cas échéant, la mise en place des dispositifs de franchissement piscicole en montaison et en dévalaison adaptés pour les infrastructures hydroélectriques, conservées
- Poursuivre le recensement des ouvrages hydrauliques pouvant perturber les continuités écologiques et le continuum terre-mer (notamment pour les migrations des espèces amphihalines dans les marais des lagunes et des estuaires) et la définition des unités hydrauliques cohérentes, en cohérence avec les actions 49 et 9 du plan national d’action en faveur des zones humides et en accord avec ceux du Plan national en faveur des migrateurs amphihalins et du plan national de gestion de l’anguille européenne.
- Accompagner les gestionnaires dans l’effacement des obstacles prioritaires.
Le développement de l’hydroélectricité se fait souvent en contradiction avec les objectifs de restauration de la continuité écologique, y compris pour des petites installations à faible rentabilité. Comme pour d’autres infrastructures énergétiques, il est temps de ne plus prioriser les besoins en énergie au détriment de la santé des écosystèmes. Pour répondre à cela :
- Il sera obligatoire, en amont des travaux, de mener une analyse des impacts écologiques sur les milieux aquatiques, à mettre en rapport avec le bénéfice énergétique. Les projets à impact significatif ou à faible bénéfice énergétique et/ou à coûts d’investissement élevés par rapport au gain énergétique ne pourront pas être réalisés et les projets qui seront menés à terme devront appliquer des mesures de réduction des impacts écologiques et de compensation.
- Restaurer écologiquement au moins une rivière dans chaque département à l’horizon 2030 par la suppression de tous les obstacles, des digues et des enrochements, etc.
- Effacer d’ici 2030 vingt grands barrages hydroélectriques (sur 550 barrages de plus de 15 m en France) dont l’impact sur la biodiversité et l’écoulement des sédiments sont jugés le plus fort."
Cette mesure est totalement effarante, et nous ne comprenons pas comment une haute administration de la République peut couvrir de telles élucubrations. Rappelons en effet que :
- La destruction des ouvrages hydrauliques au nom de la continuité écologique est illégale depuis le vote de la Loi climat et résilience en 2021.
- L'Etat français a été condamné à deux reprises déjà par la justice en raison de son inaction climatique et du retard pris dans la réduction des émissions de CO2.
- L'hydro-électricité, y compris la petite hydro-électricité, est soutenue par la loi française (loi Energie et climat 2019) au titre de l'urgence écologique et climatique, de même qu'elle est inscrite dans la programmation pluri-annuelle de l'énergie.
- Le conseil d'Etat a déjà précisé que l'administration n'était en rien fondée à juger qu'une production d'un moulin (a fortiori celle d'un grand barrage hydroélectrique!) est insuffisante au regard de l'enjeu de transition bas-carbone (arrêt moulin du Boeuf 2019)
- Enfin, en 2021, les Français soutiennent à 90% l'énergie hydraulique, la plus populaire et de loin des énergies en France.
Certes, il est précisé que "ce document n’engage pas l’Etat ou ses opérateurs". Mais enfin, le rôle de l'Etat est de ne plus inviter n'importe quel groupe intégriste dans une construction de politique publique et, surtout, d'éliminer clairement dès le départ des propositions contraires aux lois nationales et contradictoires avec les engagements internationaux de la France !
La ministre de l'écologie Barbara Pompili doit s'expliquer devant les parlementaires de cette nouvelle dérive: les services de son ministère n'ont-ils pas vocation à exécuter les lois de la République, et d'abord à les rappeler aux lobbies? La France a-t-elle encore de l'argent à dilapider dans des délires illégaux de retour à la nature sauvage, alors que tant de dossiers importants de l'écologie sont en retard, sans parler des difficultés économiques et sociales du pays? L'Etat se rend-il compte du niveau de confusion de son action publique, qui dépense pour une chose et son contraire sans obtenir de résultats?
Rassurez vous tous ceci se passera évidement dans le complet respect de la loi. Les moulins et leur seuil ne sont pas les seuls obstacles existants sur les cours d'eau et seuls les moulins sont véritablement protégés par la loi .... Par ailleurs, mais vous ne voulez pas l'entendre, la petite hydraulique n'est plus compétitive par rapport à d'autres sources électrogènes renouvelables et la conversion des moulins en centrales hydrauliques couterait plus cher encore au contribuable....
RépondreSupprimerAllons Anonyme ! Je ne peux vous laisser dire cela ! C'est quand même le contribuable qui rentabilise ces petites centrales, ces petites entreprises privés, grâce à l'obligation de rachat de tout Kwh produit à un prix démentiel ! Ce sont nos impôts qui permettent à ces grands patrons capitalistes de ne pas couler !
RépondreSupprimerEt c'est quand même grâce à la petite hydrau que nous ne fermerons aucune centrale d'énergie fossile !
C'est quand même grâce à cela que nous n'avons aucune transition écologique dans le monde et qu'il s'agit d'une fumisterie totale !
Allons Anonyme, cessez donc votre extrémisme intégriste tel que définis dans cet article par le ministère de la vérité qui utilise à juste titre le fameux adage "c'est celui qui dit qui iest"
Il n'est probablement possible de déballer de telles erreurs volontaires que sous couvert de l'anonymat! Affirmer que "la petite hydraulique n'est plus compétitive par rapport à d'autres sources électrogènes", c'est avouer son incompétence, voire son obscurantisme.
RépondreSupprimerVous oubliez en effet que le prix du kWh produits par les centrales nucléaires et thermiques ne tient pas compte des conséquences sur l'environnement et des coûts de réparation (si cela est encore possible) ou de protection contre les conséquences du réchauffement, à la charge des générations futures : démantèlement des centrales nucléaire, coût du stockage des déchets radioactifs sur des millions d'année, impact financier du changement climatique engendré en partie significative par les centrales électriques à combustible thermique, coût du transport de l'énergie par production centralisée, etc.
Mais il est vrai qu'il est plus facile de taper sur les petits producteurs locaux que de tenter de faire évoluer un système global.
Vous lisez mal : j'ai comparé la petite hydraulique aux autres sources électrogènes renouvelables à savoir principalement éolien et photovoltaïque. Le MWh de la petite hydraulique (de 90 à plus de 150€ pour les moulins convertis en centrales hydroélectriques ) est 2 à 3 fois plus cher que celui issu des parcs éoliens et photovoltaïques selon les derniers résultats des appels d'offres les plus récents. Ce rapport va encore s'accroitre avec les avancées technologiques attendus de la part des sources vraiment nouvelles alors que l'on ne peut rien attendre de semblable la petite hydraulique avec plus de 100 ans d'existence.
RépondreSupprimerOui voilà, vous comparez la petite hydraulique et le grand solaire ou le grand éolien. Vous faites toujours le coup, quand vous comparez ce qui est comparable (par exemple petite hydraulique et petit solaire, grande hydraulique et grand solaire), votre argument ne tient plus la route, l'hydraulique est plus intéressante au plan du carbone et du coût.
SupprimerPar ailleurs, comme répété cent fois, nous avons de nombreux adhérents qui autoconsomment, cela coûte zéro centime à la collectivité, contrairement à vos amis subventionnés des rivières sauvages et de la pêche au saumon qui cassent le patrimoine commun avec l'argent des autres.
Alors cessez vos leçons et vos enfumages, anonyme, on n'est plus vraiment d'humeur à les supporter, ni ici, ni au bord des rivières, ni dans les cabinets ministériels. Les parlementaires comme les conseillers d'Etat ont sifflé la fin de la récré sur ce sujet.