Sur cet affluent de la Mayenne, près d'une centaine d'ouvrages de moulins, étangs, plans d'eau et rehausses ont été détruits au nom de la continuité écologique. Cela sur argent public bien sûr. Résultat dans les années de sécheresse comme 2022 : des filets d'eau chaude et polluée – là où il reste même de l'eau –, un stress et une mortalité massive pour la faune et la flore. L'association Bien Vivre en Anjou dénonce la "bêtise humaine" à l'oeuvre dans le dogme de la continuité écologique, qui aggrave les effets de la sécheresse tout en nuisant aux milieux et aux riverains.
L'Oudon est une rivière qui coule dans les départements de la Mayenne et de Maine-et-Loire, de 103 km de long, affluent le plus important de la rive droite de la Mayenne. L'Oudon a elle-même tout un réseau de petits rûs affluents. Comme tant d'autres rivières françaises, elle a été soumise depuis 10 ans à la furie destructrice de la "continuité écologique", au prétexte officiel d'améliorer la santé des milieux aquatiques. Sur ce bassin, déjà 90 ouvrages de rehausses, plans d'eau, moulins et étangs ont été supprimés par le syndicat du bassin de l'Oudon (SBO), alors que 6 seulement ont été aménagés de manière non destructrice pour le franchissement des poissons. Une prime massive à la casse des ouvrages, qui coûte la bagatelle de 350 000 € d'argent public par an depuis 2018.
La sécheresse de 2022, venant après plusieurs autres, apporte le bilan catastrophique de cette politique. Le journal Le Courrier de l'Ouest / Ouest-France le relate : rivière asséchée ou réduite à des filets d'eau chaude et polluée, mortalité massive de poissons, insectes, mollusques. Et riverains en colère.
L'association locale Bien vivre en Anjou dénonce des "décisions prises dans les bureaux du ministère de la Transition écologique puis imposées partout en France par des techniciens hors sol", en soulignant : "Ils ont décidé, au nom de la 'continuité écologique' la suppression des barrages des moulins, la suppression des clapets, qui permettaient, si besoin, de retenir une partie de l'eau sans la laisser filer à la mer et s'y perdre. Avaient-ils seulement conscience que l'on ne rattrape pas l'eau qui part?"
Sa porte-parole Anne Danjou, élue et aussi membre du SBO, tient le syndicat pour responsable de ce "désastre écologique". Elle montre l'exemple de l'effacement d'un ouvrage de moulin sur l'Argos, affluent de la Verzée et de l'Oudon. L'ouvrage datait de 1430 et assurait un plan d'eau régulier. La casse au nom de la continuité écologique n'a laissé qu'une flaque d'eau entre deux seuls résiduels où la faune se meurt. "L'influence de la retenue d'eau préservait la vie de la biodiversité sur plusieurs centaines de mètres de rivière. Effacer un clapet ce n'est pas seulement virer une plaque en métal. C'est faire des études en amont, s'assurer de la présence durable d'eau, calibrer la rivière, prévoir un radier, c'est surtout retirer le seuil du clapet et sa ferraille. Rien de tout cela n'a été fait".
La destruction massive des ouvrages hydrauliques au nom de la continuité écologique est un scandale d'Etat et un échec majeur de la politique de l'eau depuis 15 ans. Elle est contraire à toutes les orientations dont nous avons besoin : préservation de la ressource en eau, régulation des crues et des sécheresses, créations de zones humides, production d'énergie renouvelable, relocalisation d'activités. Il est urgent que l'Etat acte le désastre de cette politique décriée de suppression des seuils et barrages, déjà condamnée à de multiples reprises au parlement et par les cours de justice.
Le gouvernement doit intimer l'administration de l'eau d'interdire ces gabegies et destructions, pour retrouver une politique des rivières et des ouvrages conforme à l'intérêt général.
Photos extraites du Ouest-France / Courrier de l'Ouest, tous droits réservés.
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