La fédération de moulins FFAM vient de produire une très intéressante analyse du potentiel de production des moulins à eau en France. L'avantage de sa méthodologie est qu'elle part des données du référentiel des obstacles à l'écoulement (ROE) de l'Office français de la biodiversité. Les moulins à eau représentent plus de 800 MW de potentiel hydro-électrique à équiper, soit un gisement très appréciable pour la plus populaire des énergies renouvelables – surtout quand elle s'installe sur un site traditionnel de moulin déjà en place depuis des siècles! La politique publique d'encouragement et d'accompagnement de la remise en service des moulins à eau est une urgence face à la crise climatique et à la pénurie énergétique.
A compter de la loi sur l'eau de 2006, l'Office français de la biodiversité (OFB), qui s'appelait alors l'Onema, a créé une base descriptive des "obstacles à l'écoulement" sur le lit mineur : buses, seuils, barrages, digues, écluses, ponts, etc. La base compte déjà plus de 100 000 entrées, et elle n'est pas encore complète.
La FFAM est partie de cette base pour analyser la part des moulins à eau dans le ROE et pour étudier leur capacité de production hydro-électrique. L'exercice n'est pas facile car le ROE n'a pas été renseigné dès le départ avec la typologie et l'origine de chaque ouvrage hydraulique, ni toujours avec la hauteur de chute utile. Un modèle a donc été conçu à partir des données renseignées pour extrapoler, avec contrôle sur un territoire.
Il ressort les chiffres-clés suivants :
- 103 867 ouvrages sont décrits dans le ROE dont 87 827 encore présents (19 000 détruits),
- 60% des ouvrages ont des informations,
- on peut estimer que 70% des ouvrages du ROE sont à l'origine des moulins à eau,
- 36 000 moulins sont équipables de turbine (avec chute suffisante de plus de 1,2 m)
- la puissance estimée est de 802 MW
- le productible estimé est de 2,8 TWh
Ces chiffres sont cohérents avec ceux de l'étude Punys et al 2019, qui arrivait à un ordre de grandeur de 3 à 4 TWh mais en incluant la production par roue, et non seulement par turbine. L'étude de la FFAM est d'ailleurs conservatrice puisqu'elle part pour les turbines d'une hypothèse de 3500 heures de production pleine puissance (sur les 8760 heures d'une année). Beaucoup de petits sites producteurs de nos adhérents sont légèrement sous-équipés par rapport au débit pour assurer une plage de production plus large dans l'année.
Nous demandons à nos lecteurs de télécharger cette étude et de la diffuser à leurs députés et sénateurs, qui examinent le projet de loi d'accélération de l'énergie renouvelable en fin de ce mois.
Il convient aussi d'envoyer ce travail sur votre rivière aux maires, aux responsables du syndicat de bassin, aux responsables "eau" de la préfecture, dont le rôle est d'engager chaque territoire dans la transition énergétique. La loi en fait déjà obligation depuis 2019 dans le cas de la petite hydro-électricité, tout comme la loi interdit la destruction de l'usage actuel et potentiel d'un ouvrage hydraulique depuis 2021. Mais il faut maintenant traduire ces lois en réalité donc agir, notamment accompagner la relance du maximum de moulins à eau sur chaque bassin versant.
Nous attendons que le ministère de la transition écologique, les services publics de l'Etat, des établissements publics et des collectivités accomplissent leur devoir d'intérêt général et concrétisent les orientations définies par le parlement.
Bonjour
RépondreSupprimerne pas oublier que beaucoup d'obstacles qui ne sont pas des moulins peuvent être utilisées en énergie hydroélectrique suivant la loi Pope avec un potentiel beaucoup plus important que les moulins tout simplement parce que les hauteurs de chute sont plus grandes
Parler en kw productibles n'est pas trop parlant pour beaucoup de gens. Il faudrait ajouter le nombre de foyers que ce productible peut alimenter
RépondreSupprimerPar exemple hors chauffage pour un foyer de 4 personnes...
La réponse est facile : Zéro puisque la production n'est pas continu et peut s'interrompre à tout moment au cours d'une année ....
SupprimerAh, il y a zéro m3 turbinable dans une année sur les cours d'eau français? Ce qu'il faut pas lire comme bêtise...
SupprimerPour continuer à rigoler ensemble, donnez plutôt la production des moulins à eaux en Juillet Aout et Septembre 2022 par exemple dans les départements normands. On pourra juger du confort des ménages qu'ils pourraient alimenter en électricité ?
SupprimerUne estimation de productible d'un site se fait sur la totalité de plage de production, pas sur une saison, ce qui n'a aucun sens. Pour "rigoler", vous pouvez calculer la production du solaire la nuit, celle de l'éolien en situation anticyclonique, celle du nucléaire fermé pour travaux, etc. (Vous pouvez aussi compter les poissons vivants sur un cours d'eau à sec sans retenue de refuge, et nous rapporter le brillant résultat).
SupprimerC'est bien pour cela qu'il ne faut pas assimiler la production d'une centrale hydraulique (ou photovoltaïque ou éolienne) à à l'alimentation d'un foyer domestique sous peine de donner une image simpliste et fausse de la production électrique pour laquelle le concept de réseau est central.
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