Moulins et rivières en danger
L’administration a décidé de détruire les seuils, ces petits barrages qui alimentent les moulins de notre Comminges. Ici c’est tout d’abord le Ger et le Job qui sont menacés. En partie. Prétendant rétablir la continuité des rivières, l’administration les a au contraire tronçonnées. Certaines parties doivent être débarrassées de leurs obstacles, d’autres tronçons ne sont pas inquiétés. La logique administrative a des raisons qui nous échappent.
Rétablir la continuité écologique: Qu’es aquo?
La loi établit que les poissons migrateurs doivent pouvoir remonter et dévaler le cours des rivières et qu’il convient donc d’équiper les obstacles qu’il rencontrent. En toute logique la loi préconise que pour rétablir cette continuité il faut commencer par l’aval et remonter vers l’amont.
Sauf que: sur le Ger et le Job il n’y a pas de poissons migrateurs et qui plus est, ces deux rivières de montagne sont plutôt très éloignées de leur aval, l’Océan, la Gironde... Alors l’administration nous invente de nouveaux poissons migrateurs: les truites. Ainsi donc les moulins poseraient problème aux truites. En effet il y a moins de truites que par le passé. Mais par le passé il y avait plus de moulins. Depuis deux, trois et parfois dix siècles. Peut- être faudrait-il chercher ailleurs ce qui est véritablement nuisible pour les truites.
L’administration: qui c’est ça?
Nous évitons de dire l’Etat. En effet que ce soit les maires concernés, la ministre de l’environnement ou les nombreux députés et sénateurs qui se manifestent pour demander l’arrêt de cette œuvre de destruction, nos hommes et femmes politiques ne sont pas à l’origine de cette incongruité. Quels que soient leurs tendances ils constatent et dénoncent une « sur- interprétation » administrative de la loi. La loi dit qu’il faut équiper les seuils mais l’administration souhaite les détruire. C’est la solution qui est la seule subventionnée... Les services de l’Agence de l’eau Adour-Garonne et l’Onema (ex conseil supérieur de la pêche) sont les principaux instigateurs de cette dérive destructrice. Pour éviter de prendre le moindre risque, ils ont embarqué dans leurs manœuvres la Fédération de pêche qui dépend beaucoup de ces deux organismes. En effet, détruire un seuil n’est pas sans risque. Ici même, sur le Ger à Pointis-Inard, nous savons que cela peut produire des inondations. C’est ainsi que l’administration prend bien soin de ne pas assumer la moindre responsabilité juridique. Pas d’enquête publique, pas de déclaration d’utilité publique. C’est la Fédération de pêche qui se voit attribuer la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage... Que se passera-t-il si les destructions de seuils conduisent comme nous le craignons à de nouvelles catastrophes? Va-t- on demander aux pêcheurs de réparer les dégâts?
Nous nous posons des questions.
Est-ce que la suppression des seuils va améliorer la qualité chimique des eaux? En été, quand il y moins d’eau, et qu’il n’y aura plus de retenues d’eau, devra-t-on couper le captage du Job qui nous alimente en eau potable pour maintenir un filet d’eau sur notre rivière transformée en oued?
Est-ce le hasard qui épargne ces destructions à l’endroit exact où la Fédération de pêche dispose elle même d’un seuil qui alimente sa pisciculture? C’est vraiment très curieux car les obstacles qui obstruent et dénaturent le Ger (pour reprendre la terminologie de nos adversaires) sont bien plus importants que ceux qui sont situés sur le Job. Nous n’avons pour l’instant pas pu dénicher l’étude scientifique qui a permis de décréter que ce qui valait pour le Job ne valait pas pour le Ger au niveau de la pisciculture fédérale de Soueich.
Pourquoi ne pas utiliser toutes ces chutes d’eau pour produire une énergie propre?
Nous invitons tous les riverains à partager ces questions lors d’une réunion le 20 mai à 18h30 à la salle des fêtes d’Encausse-les-thermes.
Voir aussi sur Facebook La digue du Job. Les illustrations sont extraites de ce site, tous droits réservés.
Complément : remarques sur la pisciculture de Soueich
Sur le site internet de la pisciculture de Soueich, il est dit que la Fédération départementale de pêche élève de l'ombre commun pour l'introduire dans le bassin Adour-Garonne-Dordogne-Gaves. Pourtant, ce n'est pas une espèce native sur ces rivières: l'ombre (Thymallus thymallus) fréquente les bassins du Centre et de l'Est de la France, comme ceux de l'Europe centrale et septentrionale. Mais l'ombre plaît à certains pêcheurs à la mouche. Les fédérations de pêche se prétendent souvent les gardiennes des milieux aquatiques, de l'intégrité biotique des rivières, des espèces autochtones, etc. Elles font volontiers la morale aux propriétaires d'ouvrages hydrauliques, et sont rarement les dernières en comité de pilotage à appuyer les solutions les plus radicales d'effacement. Mais alors, pourquoi modifier les peuplements des rivières? Pour y reproduire des espèces qui plaisent à leurs adhérents et pour vendre de la carte de pêche? Pour concurrencer les espèces autochtones ? Certaines études scientifiques ont montré qu'à long terme, les empoissonnements à fin halieutique peuvent modifier davantage les assemblages piscicoles des cours d'eau que les barrages (voir Haivogl et al 2015). Pour notre part, nous ne sommes pas particulièrement hostiles à l'introduction raisonnée et contrôlée d'espèces (phénomène de toute façon difficile à empêcher) : le fait est que la biodiversité piscicole totale de la France a augmenté depuis 150 ans (ajout d'une trentaine d'espèces non natives). Nous sommes par ailleurs tolérants envers les différents usages de la rivière, pêche incluse. En revanche, les doubles standards sur l'intégrité à géométrie variable des assemblages piscicoles et les postures agressives envers les ouvrages de la part d'institutions ayant des agréments publics ne sont pas acceptables. Quant au fait de confier la maîtrise d'ouvrage d'une restauration de continuité écologique à une Fédération de pêche (comme le cas du Ger et du Job), nous y sommes clairement défavorables : les instances officielles de la pêche ont pris des positions trop partisanes et radicales pour se voir confier ce type de mission, qui demande une ouverture d'esprit vis-à-vis des différentes représentations de la rivière et une bonne prise en compte des enjeux non-écologiques.
Complément : remarques sur la pisciculture de Soueich
Sur le site internet de la pisciculture de Soueich, il est dit que la Fédération départementale de pêche élève de l'ombre commun pour l'introduire dans le bassin Adour-Garonne-Dordogne-Gaves. Pourtant, ce n'est pas une espèce native sur ces rivières: l'ombre (Thymallus thymallus) fréquente les bassins du Centre et de l'Est de la France, comme ceux de l'Europe centrale et septentrionale. Mais l'ombre plaît à certains pêcheurs à la mouche. Les fédérations de pêche se prétendent souvent les gardiennes des milieux aquatiques, de l'intégrité biotique des rivières, des espèces autochtones, etc. Elles font volontiers la morale aux propriétaires d'ouvrages hydrauliques, et sont rarement les dernières en comité de pilotage à appuyer les solutions les plus radicales d'effacement. Mais alors, pourquoi modifier les peuplements des rivières? Pour y reproduire des espèces qui plaisent à leurs adhérents et pour vendre de la carte de pêche? Pour concurrencer les espèces autochtones ? Certaines études scientifiques ont montré qu'à long terme, les empoissonnements à fin halieutique peuvent modifier davantage les assemblages piscicoles des cours d'eau que les barrages (voir Haivogl et al 2015). Pour notre part, nous ne sommes pas particulièrement hostiles à l'introduction raisonnée et contrôlée d'espèces (phénomène de toute façon difficile à empêcher) : le fait est que la biodiversité piscicole totale de la France a augmenté depuis 150 ans (ajout d'une trentaine d'espèces non natives). Nous sommes par ailleurs tolérants envers les différents usages de la rivière, pêche incluse. En revanche, les doubles standards sur l'intégrité à géométrie variable des assemblages piscicoles et les postures agressives envers les ouvrages de la part d'institutions ayant des agréments publics ne sont pas acceptables. Quant au fait de confier la maîtrise d'ouvrage d'une restauration de continuité écologique à une Fédération de pêche (comme le cas du Ger et du Job), nous y sommes clairement défavorables : les instances officielles de la pêche ont pris des positions trop partisanes et radicales pour se voir confier ce type de mission, qui demande une ouverture d'esprit vis-à-vis des différentes représentations de la rivière et une bonne prise en compte des enjeux non-écologiques.