09/10/2018

Pas de hausse des températures limitée à 1,5°C sans hydro-électricité, selon le GIEC

Le GIEC vient de publier un rapport destiné à éclairer les décideurs et les opinions sur la différence entre un monde réchauffé de 1,5°C et de 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle. Ce rapport examine aussi les conditions de réussite d'un objectif de réchauffement limité à 1,5°C (soit seulement 0,5°C par rapport à aujourd'hui). Tous les scénarios qui parviennent à cet objectif incluent une hausse des énergies renouvelables, dont l'hydro-électricité. Le gouvernement français doit stopper immédiatement le choix aberrant de dépenser l'argent public à détruire des barrages et usines hydro-électriques ainsi que des moulins pouvant être relancés.



Dans son nouveau rapport de 400 pages, le Groupe international d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) analyse notre situation climatique. Commandé par l'ONU au moment de l'accord de Paris (2015), ce texte du GIEC doit nourrir le processus de révision des engagements nationaux, qui sera lancé à la COP24 en décembre prochain.

Le rapport du GIEC observe à propos des scénarios qui permettraient de contenir le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle (chapitre 2, p.53) :

"Vers le milieu du siècle, la majorité de l’énergie primaire provient de combustibles non fossiles (c’est-à-dire les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire) dans la plupart des trajectoires à 1,5 ° C (…)

L'énergie renouvelable (biomasse, hydroélectricité, solaire, éolienne et géothermique) augmente dans toutes les trajectoires à 1,5 ° C, la part d'énergie renouvelable dans l'énergie primaire atteignant 28–88% en 2050, avec une plage interquartile de 49–67% . La magnitude et la répartition entre bioénergie, éolienne, solaire et hydro-électricité diffèrent d'une trajectoire à l'autre."

La France est en retard sur ses objectifs et engagement énergétiques, comme l'avait relevé l'OCDE. Les émissions carbone sont même reparties à la hausse depuis deux ans, malgré les efforts accomplis.

Face à la difficulté et au coût de la transition bas-carbone, on ne peut plus faire comme si nous avions le luxe de négliger des opportunités.

L'énergie hydraulique a de multiples atouts, en particulier la petite hydraulique relancée sur les sites existants :
  • elle a le meilleur bilan carbone de toutes les énergies en région boréale et tempérée, et plus encore quand on restaure des sites anciens (GIEC SRREN Report 2012) ;
  • elle a le meilleur bilan matière première, car sa technologie est simple, concentrée, robuste et à longue durée de vie (Kleijn et al 2011 et Van Der Voet et al 2013).;
  • elle a le meilleur taux de retour sur investissement énergétique (EROEI), c'est-à-dire qu'elle est la plus efficace quand on intègre ce qu'elle consomme et ce qu'elle produit sur toute la durée de vie (Murphy et Halls 2010) ;
  • elle a une forte acceptabilité sociale, car elle n'a pas de nuisance visuelle ou sonore, n'altère pas les paysages, ré-utilise en général des ouvrages existants et est associée à des retenues qui ont de nombreux autres usages sociaux (voir le résultat de la concertation publique PPE 2018) ;
  • elle a une bonne rentabilité économique et coûte moins cher au contribuable (CSPE) que d'autres énergies moins mature (hydrolien, éolien offshore, solaire en petite installation, etc.) ;
  • elle est bien répartie sur le territoire, ne demande pas de développer le réseau très haute tension et permet de produire à proximité de la consommation (moins de perte en distribution) ;
  • elle permet à tout un tissu économique local de se développer pour l'installation et la maintenance des équipements.


Malgré ces évidences, nous assistons à une aberrante politique à contre-emploi en France : la direction de l'eau du ministère de l'écologie et les agences de l'eau encouragent et financent la destruction des ouvrages hydrauliques susceptibles de produire de l'énergie locale et propre. Cela inclut même, comble de l'absurdité, des barrages et usines hydro-électriques en fonctionnement :
Le seul autre pays dans le monde engagé dans une politique de destruction aussi systématique des ouvrages hydrauliques, ce sont les Etats-Unis d'Amérique : la France veut-elle copier en Europe les champions occidentaux des émissions carbone ? 

Cette politique de destruction des seuils et barrages dilapide l'argent public, aggrave le bilan carbone, retarde la transition énergétique en France et nuit à long terme à nos capacités d'adaptation au changement climatique (stockage et régulation de l'eau). Elle doit cesser immédiatement, comme nous en avons fait la demande à François de Rugy. Et comme la commission du débat public sur la programmation pluri-annuelle de l'énergie vient aussi de le rappeler au gouvernement, l'hydro-électricité figure en bonne place dans les énergies dont les Français souhaitent le déploiement.  .

08/10/2018

La Cour des comptes critique à nouveau la gestion publique de la biodiversité

La gestion de l'eau et de la biodiversité a déjà été étrillée dans un rapport IGF-CGEDD publié au printemps dernier. C'est au tour du premier président de la Cour des comptes d'écrire au ministre de la Transition écologique et au ministre de l'Action et des comptes publics pour leur rappeler que la tutelle de l'Etat sur les opérateurs de biodiversité est aujourd'hui défaillante : les objectifs ne sont pas posés, l'action n'est pas évaluée, le modèle économique est inexistant. Non seulement nous avons des bureaucraties dont les services rendus aux citoyens sont parfois difficiles à percevoir et dont certains choix arbitraires sont dénués de contre-pouvoirs démocratiques efficaces, mais ces bureaucraties sont de surcroît mal gérées. Stop ou encore? On posera la question aux parlementaires, dont le rôle est de contrôler au nom des citoyens l'action du gouvernement, et notamment le bon usage du denier public.



Pour les riverains qui, effarés, voient l'argent public de l'eau et de la biodiversité gaspillé à détruire des moulins, des étangs, des usines hydro-électriques en fonctionnement (Sélune, Risle), l'idée qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de l'écologie publique à la française ne vient pas comme une surprise.

Après l'inspection générale des finances (IGF) et le conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) ayant récemment pointé le manque de résultat et de cohérence de ces politiques publiques, c'est au tour du premier président de la Cour des comptes (Didier Migaud) de s'adresser au ministre de l'écologie au ministre des comptes publics.

On note dans son courrier venant d'être rendu public :

"Les missions essentielles des opérateurs de la biodiversité ne sont pas toujours clairement définies et restent insuffisamment explicitées et évaluées. (…)

Les contrôles opérés ont également conduit la Cour à relever que les missions ne sont pas toujours déclinées de manière lisible dans les principaux documents établis ou approuvés par les services de l’État pour orienter l’activité annuelle ou pluriannuelle des opérateurs (contrats d’objectifs, lettres de mission-cadre et annuelles du directeur, programme annuel de performance, le cas échéant charte des parcs nationaux). (…)

Enfin et alors que les opérateurs doivent contribuer à l’effort de redressement des comptes publics, l’exercice de la tutelle est demeuré peu satisfaisant, sur la définition de leur modèle économique."

Rappelons que la Cour des comptes a déjà épinglé plusieurs fois l'Onema et l'Agence française pour la biodiversité, en relevant des erreurs de gestion et des octrois d'avantages abusifs dans l'exercice des fonctions (rapport de 2013 sur les dysfonctionnement de l'Office, rapport de 2017 sur le défaut de rigueur dans la correction des dysfonctionnements et l'intégration acrobatique dans l'AFB).

A lire : Cour des comptes (2018), La tutelle de l’État sur les opérateurs de la biodiversité

05/10/2018

La biodiversité des poissons d'eau douce vient de la fragmentation des milieux (Tedesco et al 2017)

Paradoxe des poissons d'eau douce : ils représentent 40% de la diversité totale des poissons du globe, mais ils vivent dans 1% seulement des habitats disponibles. Pourquoi une telle diversité en si peu d'espace? Selon une équipe de chercheurs, la réponse se trouve dans la fragmentation physique des habitats d'eau douce, favorisant l'émergence de nouvelles espèces dans l'évolution, en particulier chez les groupes non migrateurs ayant de faibles capacités de dispersion. Si ces travaux concernent le temps long de la spéciation et de l'extinction, on peut penser que des traits génétiques et comportementaux de certaines populations continuent d'évoluer aujourd'hui, sous l'effet des fragmentations de certains milieux (seuils, barrages) mais aussi des ouvertures d'autres milieux (canaux, translocations). 

Les espèces émergent dans l'évolution quand des populations filles sont isolées de leurs populations mères et s'en différencient peu à peu, par le jeu de la sélection naturelle (reproduction différentielle de certains traits mieux adaptés à un milieu local). Mais un isolement trop extrême peut aussi conduire à une disparition d'une population devenue trop petite. Il y a donc un jeu de balancier entre des tendances à la spéciation et à l'extinction : en limitant le flux de gènes, la fragmentation des populations par isolement géographique est supposée augmenter les taux de spéciation ; une plus grande capacité de dispersion des espèces devrait pour sa part réduire les taux d'isolement et de spéciation, tout en augmentant la résilience des populations aux perturbations, réduisant ainsi également les taux d'extinction.

Quatre chercheurs (Pablo A. Tedesco, Emmanuel Paradis, Christian Lévêque, Bernard Hugueny) se sont penchés sur le "paradoxe des poissons d'eau douce"ainsi posé :

"Avec env. 126 000 espèces animales décrites vivant dans les eaux douces (Balian et al 2008), elles représentent plus de 10% de tous les animaux décrits à ce jour (Mora et al 2011; Wiens 2015b), tout en occupant seulement 0,8% de la surface de la Terre et 0,02 % du volume habitable aquatique disponible (Dawson 2012). Parmi les organismes aquatiques, les poissons sont un bon exemple de ce paradoxe: environ 40% se trouvent dans les eaux douces, tandis que les 60% restants de la diversité halieutique habitent des habitats marins représentant plus de 99% des habitats aquatiques disponibles (Lévèque et al., 2008), définissant ce que nous pourrions appeler le «paradoxe des poissons d'eau douce»."



Se peut-il que la diversité des poissons d'eau douce proviennent de la fragmentation de leurs habitats? Voici le résumé de leur recherche, fondée sur une analyse phylogénétique (ci-dessus, l'arbre reconstitué des poissons).

"But : Les facteurs qui isolent les populations et réduisent le flux de gènes sont considérés comme des critères clés de la spéciation et éventuellement de la diversification. Nous analysons ici les taux de diversification de près de 80% des familles de poissons actinoptérygiens [NDT : poissons osseux à mâchoire] en relation avec les caractéristiques biologiques et les facteurs d’habitat associés aux niveaux d’isolement et de fragmentation.

"Localisation : globale.

"Méthodes : le taux de diversification net de chaque famille a été évalué à l'aide de l'estimateur de la méthode des moments pour l'âge des groupes-souches. L’analyse phylogénétique des moindres carrés généralisés (PGLS), en contrôlant la non-indépendance entre les clades due à la phylogénie, a été appliquée avec le taux de diversification comme variable de réponse pour tester les effets de la taille moyenne du corps, des proportions de espèces strictement d’eau douce, associés aux récifs et migrateurs, en incluant la distribution médiane latitudinale et l’aire de répartition de chaque famille.

"Résultats : après avoir pris en compte la parenté phylogénétique des familles et leur distribution en latitude, nous avons trouvé un appui solide à nos hypothèses d'isolement et de fragmentation: la prédominance de la dépendance à l'eau douce, de l'association récifale, de la petite taille ou du comportement non migrateur dans les familles est liée à des taux de diversification plus rapides. Nous avons également constaté un effet très significatif et positif de la plage de latitude, et aucun effet évident de la latitude médiane.

"Principales conclusions : cette analyse suggère que les facteurs liés à la fragmentation physique des habitats et à la moindre capacité de dispersion des espèces ont joué un rôle important dans les processus de diversification du groupe de vertébrés le plus variés."

Bien entendu, la fragmentation dont on parle ici concerne (dans le domaine continental) l'effet à long terme (milliers à millions d'années) de l'isolement naturel des bassins versants et des freins d'accès (chutes naturelles ou glaciations, par exemple) dans les réseaux dendritiques des rivières. Ce n'est donc pas comparable avec la fragmentation artificielle d'origine anthropique (seuls, barrages), ayant concerné encore peu de générations de poissons, une fragmentation qui est contrebalancée par des ouvertures de milieux elles aussi anthropiques (canaux franchissant les frontières de bassin ou translocations à fin halieutique, par exemple).

Toutefois, on a pu observer aujourd'hui que des truites s'adaptent à des hydrosystèmes fragmentés (Hansen et al 2014) ou que des barbeaux soumis à la pression de sélection d'ouvrages peu franchissables tendent à évoluer localement vers la sédentarité (Branco et al 2017).  De même, certains travaux montrant que des souches endémiques locales de truites résistent mieux à l'introgression avec les truites d'élevage quand elles sont à l'amont de barrages incitent à creuser ces questions (voir Caudron 2008 sur les Alpes et cet article sur la Loire).

Le travail de sélection et adaptation de l'évolution continue donc son oeuvre, y compris dans les milieux modifiés par l'homme.

Référence : Tedesco PA et al (2017), Explaining global‐scale diversification patterns in actinopterygian fishes, Journal of Biogeography, 44, 4, 773-783

04/10/2018

Les riverains de la Sagne à Cabrerets en lutte pour préserver leur cadre de vie

Sur la Sagne (affluent du Célé), au village de Cabrerets, des centaines d'habitants ont déjà signé une pétition pour déplorer la destruction de leur cadre de vie au nom de la continuité écologique. Partout, des collectifs riverains s'organisent et se plaignent des mêmes maux : manque de concertation, travail en vase clos des bureaucrates de l'eau (syndicats et parcs, agences de bassin, préfectures), refus de débats sincères sur les options, avantages surévalués de la continuité et pertes sous-évaluées du cadre paysager et des services rendus par les écosystèmes aménagés. La continuité ne sera jamais apaisée si l'on méprise ainsi les citoyens et si l'on nie leurs contestations du bien-fondé de certaines mesures n'ayant rien à voir avec l'intérêt général.



Extrait de la pétition :

Sans contester la validité du projet dans son ensemble, les habitants de la commune souhaitent néanmoins attirer l'attention des décideurs sur un certains nombres d’éléments regrettables dans la prise en compte de leur avis  sur ce projet et leur manque d’information.

Une association a été créée et  l'urgence est là, les travaux ont commencé et sans réaction des acteurs que sont la mairie de Cabrerets, Syndicat Mixte de La Rance et du Célé et la préfecture du Lot, les bassins et les ouvrages tant appréciés des habitants de la commune et des nombreux touristes passant dans le village seront détruits.

Ainsi nous déplorons :

- La suppression des seuils artificiels mis en place sur le linéaire du village dont une gestion simple, qui a fait ses preuves sur du long terme, permettait de former et maintenir des bassins dans la traversée du bourg sans compromettre l’écoulement de l’eau pendant les crues. Au contraire ces petites retenues diminuent les risques en  atténuant l’effet de canalisation du cours d’eau sur un segment à forte pente. De même, la continuité écologique de la Sagne n’a jamais été compromise par ces seuils de faible hauteur comme en témoigne la présence des espèces piscicoles en amont. Au contraire, la présence de petits bassins permet d’assurer une continuité temporelle du ruisseau profitable à la faune et à la flore.
De plus, ces bassins offrent un agrément en période estivale et justifient la présence des lavoirs. De plus, ces bassins offrent un agrément en période estivale et justifient la présence des lavoirs.

La commissaire enquêtrice dans son rapport approuve la sauvegarde des seuils ou d’une partie de ces seuils « en proposant de nuancer le projet de disparition systématique des six seuils bâtis qui ont faute d'entretien favorisé l'accumulation du tuf et en envisageant la conservation technique de tout ou partie de ces seuils ».

- La destruction de la passerelle d’accès au restaurant « La Roue » qui nuit au bon fonctionnement de l’activité de restauration de madame Delvit. La proposition alternative pour cet accès paraît dangereuse du fait que la nouvelle rampe débouche sur la route principale du bourg particulièrement passante en période estivale. Sans compter que cet aménagement réduit son espace commercial et que ce dernier a un coût élevé.

- L’absence de garantie quant à l’efficacité des travaux comme le stipule la réponse aux questions de l’enquête publique : « l’arasement des seuils, comme l’ensemble du projet ne permet pas d’éviter le débordement d’une crue décennale dans le bourg. » . 

- D’une manière plus générale, le manque de concertation avec les habitants de la commune sur le projet et la non prise en compte de la mémoire des « Anciens » en ce qui concerne l’entretien de la Sagne dans le bourg. Par exemple, les derniers travaux de curage réalisés en 1991 auraient pu servir de référence, d’autant plus que l’entrepreneur demeure dans notre commune.

Signez la pétition en solidarité des riverains de la Sagne

Illustration : la Sagne à Cabrerets par Torsade de Pointes — photographie personnelle, domaine public 

A lire sur le bassin du Celé :
Quand les alevinages des pêcheurs influencent davantage la génétique des poissons que les ouvrages hydrauliques (Prunier et al 2018)
Diversité génétique et fragmentation des rivières (Blanchet et al 2010, Paz-Vinas et al 2013, 2015) 

03/10/2018

En Mayenne, le Vicoin sans ouvrage et sans eau...

La Mayenne est frappée de plein fouet par la sécheresse. Les journaux nous montrent des photos de riverains construisant des petits batardeaux pour essayer de retenir l'eau... sur une rivière où l'on vient de détruire tous les ouvrages hydrauliques de retenue, sur argent public, au nom du dogme de la continuité écologique destructrice et imposée par l'Etat. Les fonctionnaires de la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère de l'écologie sont directement responsables de ces dérives : nous attendons qu'ils en répondent devant leur ministre, devant le parlement et devant leurs concitoyens. Il n'y aura aucun apaisement sans autocritique publique des erreurs faites depuis 10 ans et sans instruction claire aux services de l'Etat de ne pas reproduire ces erreurs à l'avenir. 


La préfecture de Mayenne annonce "des restrictions d’eau renforcées" face à la sécheresse qui sévit.  Une photo montre des riverains qui tentent de reconstruire un petit barrage de planches sur une rivière presque vidée de ses eaux :"mise en place d’un barrage sur le Vicoin au niveau de l’hippodrome de Ligonnière pour lutter contre la sécheresse", dit la légende.

Le Vicoin ?

Les lecteurs de notre site se souviennent peut-être que cette rivière à la gestion soi-disant exemplaire avait reçu un "trophée de l'eau" de l'agence de bassin Loire-Bretagne. Motif de cette satisfaction ? Au nom de la continuité écologique, tous les barrages de la rivière ont été détruits ou arasés, le dernier cet été. Plutôt que d'ouvrir les vannes aux périodes de crues ou de migrations de certains poissons, on a préféré tout faire disparaître. Les riverains, les pêcheurs, les promeneurs se sont plaints à des multiples reprises de ces choix. Ils ont souligné à l'administration et au syndicat que le Vicoin a des étiages sévères, des pollutions multiples.

Rien n'y a fait : le dogme est le dogme, on a besoin de "vitrines" et de "retour d'expérience" (manifestement biaisés dans leur construction) pour dire que la continuité écologique est une réforme formidable.

Eté 2018 : face au manque d'eau, nous en sommes aux restrictions et à refaire de misérables batardeaux de planches. Et les chercheurs du climat nous préviennent que c'est seulement le début, les épisodes extrêmes en crue comme en sécheresse devraient devenir de plus en plus fréquents au long de ce siècle. Des sécheresses et canicules comme celles de 2018 pouraient devenir la norme après 2050.

Détruire les outils de gestion de l'eau issus de notre patrimoine est un choix irréversible et irresponsable. Le ministère doit prononcer un moratoire sur toutes les opérations de continuité écologique aboutissant à la disparition des chaussées et barrages. 350 associations et 1300 élus l'ont demandé à Nicolas Hulot en janvier 2018, 7500 propriétaires et riverains de sites menacés l'ont demandé à François de Rugy en septembre 2018 : maintenant, c'est urgent.