25/09/2020

Influence des seuils et écluses sur la progression du crabe chinois et de l'écrevisse signal (Robinson et al 2019)

Des chercheurs anglais ont étudié l'effet des ouvrages humains de rivière sur la progression de deux des espèces invasives aquatiques les plus actives au monde : l'écrevisse signal et le crabe chinois. La première ne montre pas de variation de répartition en présence d'ouvrages, notamment car elle tend à migrer par dévalaison depuis les points où elle est introduite. En revanche, le crabe chinois, qui progresse par montaison, se trouve davantage bloqué au pied des ouvrages. Cette recherche montre aussi l'intérêt des analyses par ADN environnemental, des brins de gènes circulant dans l'eau et permettant d'identifier la présence d'espèces. Les chercheurs soulignent que les analyses par ANDe doivent être calibrées pour donner des résultats corrects dans l'étude des rivières fragmentées.

Crabe chinois (à mitaines) mâle Eriocheir sinensis. Photo par Vassil, CC BY-SA 4.0

L'écrevisse nord-américaine du Pacifique, ou écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus) et le crabe chinois, ou crabes à mitaines (Eriocheir sinensis), représentent deux des espèces aquatiques envahissantes les plus performants au monde, mais les facteurs déterminant leur succès de dispersion sont largement inconnus. Le crabe chinois est porteur du même pathogène que l'écrevisse signal (Aphanomyces astaci, la peste de l'écrevisse) qui entraîne le déclin des espèces natives d'écrevisses en Europe. 

Lorsqu'ils sont confrontés à des conditions défavorables ou à des obstacles, les écrevisses comme les crabes sortent de l'eau pour trouver des habitats plus appropriés ou contourner les barrières. Des barrières artificielles ou naturelles (rapides, cascades) peuvent dans certains cas restreindre la dispersion en amont des écrevisses, mais celles-ci se dispersent plutôt vers l'aval à partir de lieu où elles sont introduites. En revanche, des barrières comme les barrages sont susceptibles d'entraver la migration des crabes chinois, qui se fait dans le sens de la montaison.

Chloe Victoria Robinson et deux collègues ont étudié la répartition de ces deux espèces dans trois rivières anglais (Medway, Dee et Stour), en utilisant la nouvelle technologie de l'ADN environnemental (ADNe), qui permet de détecter des espèces grâce à des fragments de leurs gènes circulant dans l'eau (ou stockés dans les sédiments). 

Voici la conclusion des auteurs : 

"La présence des écluses et des vannes de crue dans la rivière Medway semble avoir une influence sur la détection ADN du crabe chinois dans cette rivière. La probabilité de détection du crabe chinois a augmenté avec le nombre de barrières en amont du site d'échantillonnage, ce qui indique que les barrières dans le Medway limitent le mouvement en amont de cette espèce. Au cours de leur migration en amont, les crabes chinois sont connus pour s'agréger au niveau des barrières, en particulier lorsque les berges sont trop raides pour contourner les barrières terrestres et que la présence de grandes structures telles que des barrages et des vannes d'inondation ralentit considérablement sa migration vers l'amont. Cette congrégation d'individus est susceptible d'entraîner un signal d'ADNe plus fort plus en aval, car la densité est connue pour être le principal facteur contribuant au succès de la détection de l'ADN dans de nombreuses espèces aquatiques. Le record le plus en amont de crabes mitaines a été enregistré dans la rivière Beult, un affluent de la rivière Medway, qui bifurque de la rivière principale ~ 5 km avant une série de six écluses consécutives. Nos détections d'ADN de crabe chinois à partir d'échantillons d'eau prélevés dans cet affluent suggèrent que cette espèce est présente ici par opposition à la rivière principale car aucune détection n'a été trouvée plus en amont de la rivière Medway. Contrairement au crabe chinois, nous avons constaté que les barrières n'affectaient pas la présence de l'écrevisse signal, probablement en raison du fait que les écrevisses grimpantes se dispersent principalement en aval. (...)

Un succès de détection significativement plus élevé pour les écrevisses signal dans la rivière Medway par rapport à la rivière Dee pourrait être le résultat de conditions hydrologiques variables, de l'abondance des écrevisses ou de la différence de saisonnalité entre la période d'échantillonnage pour chaque rivière. Certaines études ont rapporté une réduction de la détection de l'ADN pour les écrevisses signal pendant les mois d'hiver (de novembre à février) en raison de la torpeur hivernale qu'elles subissent au cours de leur cycle de vie annuel. La température est considérée comme le principal facteur de réduction de l'activité des écrevisses, ce qui peut correspondre directement à la quantité d'ADNe libérée dans l'environnement local. Cependant, nos travaux antérieurs sur l'ADNe d'écrevisses signal en octobre ont abouti à la détection de l'espèce dans tous les sites signalés, suggérant un niveau de détection substantiel pendant l'automne. De plus, les températures dans les rivières Medway et Dee n'étaient pas très différentes entre juillet (16,1°C en moyenne sur tous les sites d'échantillonnage) et octobre (en moyenne 14,1°C sur tous les sites d'échantillonnage), et par conséquent, nous nous attendions aux niveaux comparables d'activité et de taux d'excrétion d'ADNe. (...)

La détectabilité de l'ADNe dans une rivière qui coule dépend à la fois de facteurs biotiques et abiotiques tels que la distance de la source, la vitesse de l'eau et la température. La présence d'une série d'écluses le long d'une section de rivière, comme on le voit dans la rivière Medway, pourrait avoir le potentiel de créer des "systèmes mini-lentiques" en amont de chaque obstacle, et par conséquent, l'ADNe est plus susceptible de s'installer et de se lier à sédiments, plutôt que d'être transporté en aval. Des recherches supplémentaires sur le sort de l'ADN dans les systèmes fluviaux fragmentés devraient être menées pour aborder ce concept.

Dans l'ensemble, l'évaluation de l'influence des barrières sur la présence et la répartition des espèces envahissantes est importante pour éclairer les stratégies de gestion. La persistance à long terme des crabes chinois dépend de la capacité des juvéniles à migrer vers l'amont et à coloniser les habitats d'eau douce appropriés, par conséquent les obstacles fluviaux peuvent avoir une grande influence sur le succès de la colonisation. De plus, il est important de pouvoir détecter les sites de chevauchement des aires de répartition entre les écrevisses signal et les crabes chinois à l'aide de l'ADNe pour éclairer les stratégies de gestion des zones critiques pour le contrôle des espèces envahissantes, en particulier pour les espèces qui subissent des interactions trophiques complexes et sont potentiellement synergiques."

Référence : Robinson CV et al (2020), Effect of artificial barriers on the distribution of the invasive signal crayfish and Chinese mitten crab, Scientific Reports 9, 7230

24/09/2020

Les pêcheurs vont pouvoir tuer 69 millions d'anguilles juvéniles en 2021, quand l'espèce est menacée d'extinction

Considérée comme en danger critique d'extinction, l'anguille européenne fait l'objet de protections françaises et européennes. Abondante jusqu'au 20e siècle, cette espèce a été décimée par la surpêche et le braconnage, la pollution des eaux et sédiments, le changement climatique et la modification des régimes océaniques, la construction de grands barrages infranchissables. Or, le ministère de l'écologie entend continuer d'autoriser sa pêche commerciale, avec pas moins de 23 tonnes de civelles (juvéniles) dans le quota proposé pour 2020-2021. Soit 69 millions d'individus tués pour les assiettes. S'y ajoutent 34,5 tonnes pêchées officiellement au nom du "repeuplement"... un choix assez étrange puisque ne pas pêcher du tout l'anguille est le moyen le plus simple de la laisser repeupler elle-même les cours d'eau! Vous pouvez donner votre avis à la consultation publique sur ces quotas. 


CC BY-SA 3.0

Le ministère de l'écologie vient de publier un projet d’arrêté relatif à l’encadrement de la pêche de l’anguille de moins de 12 centimètres par les pêcheurs professionnels en eau douce pour la campagne 2020-2021, en consultation du 22 septembre au 13 octobre 2020 (consulter le site).

On y lit :

"Pour la saison de pêche 2020-2021, il est envisagé de fixer le quota de pêche de civelles destinées à la consommation à 23 tonnes, soit un quota inférieur de 11,5 % à celui fixé pour la campagne passée. Cette baisse prend en compte le rapport du comité scientifique et notamment son estimation du taux d’exploitation, pour l’atteinte des objectifs du plan de gestion de l’anguille. Le quota de pêche de civelles destinées au repeuplement est fixé à 34,5 tonnes de manière à ce qu’il représente 60 % du quota total, conformément aux dispositions du règlement «anguille»."

Première anomalie, on se demande pourquoi pêcher une anguille dans son milieu naturel au prétexte de "repeuplement". Il paraît bien plus simple d'arrêter la pêche des civelles et de les laisser coloniser toutes seules les cours d'eau. Ce prétexte de repeuplement ressemble beaucoup à une combine entre administration publique et pêcheurs ayant leur rond de serviette au ministère pour justifier la poursuite de l'activité de pêche sous d'autres motifs (voir appel à projet de repeuplement 2021). 

Seconde anomalie, 23 tonnes de civelles sont destinées à la consommation humaine. Une tonne de civelle, cela représente environ 3 millions d'individus. Donc le gouvernement propose de sacrifier 69 millions de juvéniles d'anguilles, alors que l'espèce est menacée. Rappelons que le stock d'anguille européenne s'est effondré dans les années 1970-80 à cause notamment de la surpêche, à l'époque les quotas pouvaient atteindre 4000 tonnes par an, soit des milliards d'anguilles tuées au fil des ans! A cette même période, les pêcheurs de loisir considéraient que l'anguille est un nuisible en rivière à truite de première catégorie, et ils appelaient à la détruire en cas de pêche. Cela ne fut interdit que par la loi pêche de 1984, quand la population d'anguille était déjà effondrée.

Abondante jusqu'au 20e siècle, l'anguille d'Europe est classée en danger critique d'extinction par l'UICN. Elle fait l’objet depuis 2007 d’un plan européen de sauvegarde imposant aux Etats-membres de l'Union européenne des mesures de gestion par bassin versant. Elle est inscrite à l’annexe II de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, dite convention de Washington) fixant des règles de protection fasse à la surexploitation. Parmi les causes de son déclin à l'issue des trente glorieuses : la surpêche et le braconnage, la pollution des eaux et sédiments, le changement climatique et la modification des régimes océaniques, la construction de grands barrages infranchissables. 

Conclusion : la même administration affirmant que les moulins et étangs d'ancien régime seraient des drames pour la biodiversité — alors que les anguilles étaient abondantes dans leurs milieux — n'hésite pas à organiser la destruction d'une espèce protégée, cela à fin commerciale. La crédibilité de cette administration est donc à peu près nulle.

23/09/2020

Echange avec Truites et compagnie

Sur le site Truites et Cie, "magazine de la truite et de la pêche à la mouche", Yann Abdallah publie une tribune intéressante intitulée "Continuité écologique, biodiversité et patrimoine hydraulique". Une fois n'est pas coutume, nous sommes d'accord avec de nombreuses vues exposées dans cet article. Mais de toute évidence, des désaccords persistent aussi dans la manière de poser la problématique. Quelques échanges, en espérant que les acteurs des rivières prennent l'habitude de discuter sans tabou ni anathème de ces sujets. Car au final, il faudra bien gérer les cours d'eau en définissant des bonnes pratiques et un respect mutuel. 

Pour expliquer les problèmes de la continuité écologique, l'auteur souligne divers travers dans la mise en oeuvre des politiques de l'eau. Ces arguments ont déjà été en partie développés par le mouvement des ouvrages et riverains depuis le classement de 2012-2013 des rivières, nous constatons donc une convergence de vue.

Objectif irréaliste du "bon état DCE 2015: "l’étrange objectif d’exiger l’atteinte du bon état général des eaux dès l’année 2015… J’entends par « étrange » le fait qu’une politique puisse être aussi naïve de la complexité du fonctionnement de nos hydrosystèmes, de la façon dont nos sociétés ont historiquement bouleversé et modifié « nos eaux » et d’une absence totale de définition de ce que cette politique entend par « bon état général »."

Définition bâclée d'un état de référence de chaque rivière: "définir un état « référence » pour l’ensemble de nos hydrosystèmes est un exercice d’une difficulté sans nom sur notre vieux continent ultra-anthropisé et il aurait probablement fallu 10 ans de débats pour aboutir à des consensus, qui n’auraient peut-être d’ailleurs jamais été trouvés !"

Listes mal conçues de rivières classées continuité écologique: "En quelques mois, pour ne pas dire quelques semaines, on a balancé aux Préfets, qui ont tout de suite délégués à leurs services compétents (DDT, OFB en première ligne), la responsabilité de sortir des listes prioritaires pour le rétablissement de la continuité écologique (...) les premières listes ont donc été établies essentiellement « à dire d’experts », sans avoir ni le temps de la concertation, ni le temps de bien réfléchir à ce qu’allait impliquer in fine la production de ces listes aux échelles locales."

Absence de choix local, ordre dogmatique d'en haut: "Il faut aujourd’hui reconnaître qu’avoir voulu, indifféremment sur tous types de territoires, imposer la politique de continuité écologique était une erreur, probablement peu efficace en termes biologique/écologique et contre-productive à l’échelle socio-culturelle. Il faut sortir des positions dogmatiques, revenir au concret et redonner une place plus importante aux échelles de décision locale dans nos actions."

Manque de sens des priorités écologiques: "Dans le contexte de changement climatique qui va exacerber les effets des pressions sur nos masses d’eau, cette priorisation devient indispensable, sans quoi nos actions diminueront encore en efficacité. Citons l’exemple très actuel de la ressource en eau. La gestion quantitative de cette ressource est devenue une très grande priorité sur bon nombre de bassins versants (caricature facile : une passe à poissons sans eau pour l’alimenter n’a pas grand intérêt)."

Cela étant dit, nous conservons de toute évidence des divergences de fond. Nous pouvons les observer avec ces paragraphes : 

"Parlons « bon sens », justement, pour évoquer ce que nous pourrions entendre par «biodiversité» et «restauration écologique». Le bon sens ne devrait-il pas nous conduire à construire nos modes de gestion en tenant simplement compte des spécificités locales naturelles de nos écosystèmes (latitude, altitude, climat, géologie,…) ? Celles mêmes qui sont à la base de l’organisation du vivant et qui conditionnent sa répartition et sa diversité ! N’est-il pas de bon sens, sur une tête de bassin versant, de chercher à privilégier la conservation des espèces inféodées à ces milieux ? Lorsqu’on travaille sur ces milieux, on va ainsi cibler les espèces affectionnant les eaux plutôt froides courantes et bien oxygénées : la truite de rivière, le chabot, la lamproie de Planer, l’écrevisse à pattes blanches ou encore la moule perlière. Et le bon sens devrait alors conduire le gestionnaire à orienter ses actions pour la conservation ou la restauration de ces espèces. (...) "Cette vision de bon sens n’apparaît pour autant pas être partagée par M. Lévêque et les défenseurs de moulins qui militent pour une approche paysagère et intégratrice des modifications profondes de nos écosystèmes en lien avec les activités humaines. On pourrait à ce titre, voir d’un bon œil la biodiversité atypique locale apportée par une retenue associée à un ouvrage transversal. Pourquoi la perche ou la carpe n’aurait-elle pas la même valeur en termes de biodiversité que la truite de rivière ou le chabot ? D’où l’intérêt de revenir au bon sens des spécificités locales de nos écosystèmes. Préserver la biodiversité c’est justement préserver la diversité du vivant associée à la diversité des milieux. Et je ne vois pas ce qu’il y a de dogmatique à privilégier des espèces rhéophiles sur des têtes de bassins ! Sachant que la biodiversité inféodée aux retenues des chaussées trouve largement ailleurs, généralement plus en aval sur le bassin versant, de quoi se développer. A l’inverse, les espèces inféodées aux têtes de bassin n’ont d’autres habitats de vie… que les têtes de bassin !"

Voici quelques éléments de réponse à cela: 

- de notre point de vue, les milieux doivent d'abord être jugés comme ils sont aujourd'hui et non pas en référence à ce qu'ils étaient. Quand on a des retenues et des biefs présents depuis un à cinq siècles, voire davantage pour certains, ce sont tout simplement les nouveaux milieux (des humains, des non-humains), leurs habitants forment le "nouveau sauvage" (comme l'appelle Pearce 2015) tel qu'il s'est développé sur ces nouveaux milieux. On ne croise généralement pas une prairie, un champ, un bocage, une garrigue en pensant que cela devrait à tout prix redevenir de la forêt (comme jadis). Le même raisonnement doit s'appliquer à des plans d'eau ou des canaux, qui ne sont pas les habitats originels d'une rivière (à part ceux des castors et barrages d'embâcles naturels), mais qui s'y sont implémentés au fil de l'histoire;

- sur la plupart des rivières de tête de bassin, on trouve bel et bien des truites, des chabots, des lamproies de Planer etc. en amont et aval des ouvrages, ces populations n'ont pas disparu de la rivière (parenthèse, la lamproie de Planer assure sa croissance en milieu limoneux, on en trouve beaucoup en biefs et retenues de ces têtes de bassin, où le fond a davantage de limons et moins de sables-graviers, donc forme plutôt un habitat favorable). Quand on examine des données (exemple de la rivière Cousin par nos soins, exemple de recherche chez Tummers 2016, Castelain 2016), on constate qu'il y a des variations de densités relatives de poissons au sein des assemblages, en l'état actuel des rivières ou après chantier d'effacement. Soit, mais il y a des truites avant, il y a des truites après: nous ne parlons pas ici d'espèces disparues comme on tend parfois à le faire croire au public par un vocabulaire imprécis ; 

- dans certains cas, il est montré que des ouvrages favorisent la préservation de populations endémiques (Vera et al 2019 sur la truite, Taylor et al 2019 sur l'écrevisse, Sousa et al 2019 sur la moule perlière), donc comme toujours, l'hydrobiologie défie les généralités (point reconnu par l'auteur);

- une des raisons de la présence persistante des truites et espèces d'accompagnement quand on s'approche des sources est que les rivières de têtes de bassin ont des pentes fortes, de sorte que les ouvrages anciens de type moulins ou étang ont un faible effet linéaire, contrairement à des rivières de plaine peu pentues où les retenues dessinent des plans d'eau lentiques plus longs (la longueur de la retenue est proportionnée à la pente: sur un pente à 2% un ouvrage de 2 m crée une retenue de 100 mètres en tête de bassin, sur une pente à 0,2% la retenue est de 1000 mètres en plaine alluviale, pour la même hauteur d'ouvrage). Autant dire qu'en tête de bassin, on n'a pas disparition des habitats lotiques, mais alternance des zones lotiques et lentiques (ou plutôt lotiques ralenties, voir les mesures chez Donati et al 2019);

- avoir davantage d'espèces de poissons ubiquistes dans un plan d'eau de moulin ou d'étang n'implique pas faire disparaître les autres espèces. Si la rivière se maintient dans un état écologique stable alternatif (un milieu modifié mais ayant trouvé des variations autour d'un nouveau point d'équilibre), cela signifie que des espèces co-existent désormais (et davantage d'espèces qu'avant sur les tronçons concernés); 

- les pêcheurs ne se plaignent généralement pas que ces espèces d'eaux fraîches (truites, etc.) aient disparu, ils se plaignent que la biomasse locale totale de ces espèces n'est pas à son "optimum biotypologique" (au sens de Verneaux). C'est différent et ce n'est plus vraiment du "bon sens" dont parle l'auteur: il s'agit d'une approche devenant très spécialisée, souvent à but halieutique, n'intéressant pas trop le citoyen non pêcheur ou non naturaliste (si l'on raisonne en services écosystémiques rendus par un profil de la rivière). Le "bon sens" dit que quand il y a beaucoup d'espèces en voie d'extinction, ce n'est pas forcément la priorité de l'écologie de dépenser de l'argent public pour varier des densités locales d'espèces qui restent par ailleurs assez communes en France et en Europe (cas de la truite fario, par exemple);

- enfin, rappelons que les poissons ne sont qu'une partie de la biodiversité aquatique, il faut évaluer toute la faune et la flore des milieux en place. Les poissons ne sont pas non plus le sommet de la chaîne trophique — des loutres, des hérons et d'autres peuvent trouver en eux des ressources alimentaires (que ce soit alors des espèces locales ou non-locales de poissons).

"Petite digression, je vous conseille la lecture d’un article très récent (voir ici) qui traite justement de l’effet des petites retenues sur la thermie des rivières. On y apprend ainsi que sur 30 ouvrages étudiés (de 0.4 à 15m de hauteur de chute, 5m en moyenne), près de 70% d’entre eux engendrent une augmentation de la température de l’eau en été (0.20 à 5.25°C) par rapport à l’amont. On peut lire également que ces effets peuvent être mesurés en moyenne sur 1.3 km en aval desdites retenues. Donc oui, la thermie des rivières est un enjeu crucial de demain pour la conservation de notre biodiversité aquatique et oui, dans ce cadre, l’effacement d’ouvrages (même associés à des petites retenues) peut être une action efficace. Fin de la digression."

Il existe des travaux géographiquement plus proches que le Massachusetts (par exemple Chandesris et al 2019). Néanmoins, il y a toujours des enseignements à tirer des recherches sur les hydrosystèmes puisqu'ils partagent des fonctionnalités et réponses physiques. En l'occurrence, cette étude nord-américaine concerne des ouvrages ayant une hauteur moyenne de 5,3 m, une surface moyenne de retenue de 32,4 ha et un volume moyen de retenue de 1,4 millions de m3. Il faut déjà reconnaître (et expliquer au public) que nous ne sommes pas dans le contexte de la très grande majorité des moulins et étangs de tête de bassin (où l'eau fraîche est un enjeu), qui ont pour la plupart des dimensions bien plus modestes. Il y a une corrélation positive entre la largeur de la retenue, le non-couvert forestier du bassin et l'effet thermique observé. Cet effet thermique disparaît à l'aval après 280 à 4470 m (moyenne 1310 m). Enfin, l'effet s'observe surtout de juin à septembre mais pas les autres mois.

Donc on doit évidement examiner cette question de la température, sans forcément dire a priori que c'est "crucial" (beaucoup d'espèces vivent en eau non froide, certains invertébrés prospèrent mieux en période chaude voir Van Looy 2016), mais plutôt en mesurant les températures des eaux et en analysant les assemblages d'espèces, dans l'idéal en faisant des suivis radiométriques d'espèces cibles (vulnérables, sténothermes) pour comprendre comment elles se comportent face au signal thermique. La température de l'eau dépend de plusieurs paramètres, comme toujours il faut chercher des solutions plus consensuelles pour la faire varier dans le sens souhaité. On doit par ailleurs écouter ce que dit la communauté scientifique : le réchauffement du climat semble plus marqué que prévu par les modèles en raison de rétro-actions positives plus affirmées que ne le calculaient ces modèles voici 10 ou 15 ans, donc l'action sur la réduction du carbone atmosphérique reste pour l'instant le paramètre de premier ordre pour l'avenir thermique des rivières et plans d'eau en 2100, et au-delà. L'écologie souhaite ré-installer des approches par temps long, nous devons en tirer les conséquences quand on définit des priorités. Surtout à budgets contraints.

21/09/2020

Efficacité des passes à poissons pour les espèces n'étant pas des grands migrateurs (Ovidio et al 2020)

Une équipe de chercheurs a étudié sur une rivière belge l'efficacité des passes à poissons pour les barbeaux et les chevesnes, qui ne sont pas les grands migrateurs cibles de la continuité écologique, mais qui sont néanmoins mobiles et peuvent coloniser des bassins versants. Leur résultat montre un très bon taux de passage pour les passes de type rampes en enrochement, un peu moins bon pour les autres. Le fait que les individus réussissant un passage parviennent aussi à franchir des passes plus amont suggère qu'ils ont un comportement plus mobile ou moins sédentaire que d'autres. Les espèces ne seraient donc pas des ensembles homogènes au plan du comportement migratoire des individus, un trait déjà observé par la recherche scientifique. Au final, c'est le rapport entre coût économique des passes et bénéfice écologique de circulation de certains poissons qui doit être caractérisé.

Les sites étudiés in Ovidio et al 2020, art cit.

Les passes à poissons étudiées dans ce travail sont situées dans le cours aval de la Vesdre, un affluent de l'Ourthe dans le bassin de la Meuse, en Belgique. La Vesdre est une rivière à lit de gravier avec un débit interannuel médian de 11,4 m3/s et un bassin versant de 702 km2. Elle est longue de 72 km et sa source est située à 626 m d'altitude, avec une pente moyenne de 7,8%. Avant le 18e siècle, la Vesdre avait d'importantes populations d'espèces rhéophiles, notamment le saumon atlantique, la truite de mer et l'anguille européenne. Jusqu'à la fin du 19e siècle, le cours d'eau a été fragmenté et très pollué en raison du développement des industries lainières. Le cours principal de la Vesdre a été dépollué progressivement et il est aujourd'hui encore fragmenté par vingt-sept barrières artificielles et un barrage-réservoir. Dans l'ensemble du la rivière, les paramètres physico-chimiques et les communautés dominantes de macro-invertébrés sont actuellement révélateurs d'une bonne qualité de l'eau. La qualité chimique ayant été traitée, se pose donc la question de l'amélioration fonctionnelle et morphologique, notamment de la continuité en long.

Michaël Ovidio (université de Liège) et ses collègues ont souhaité examiné l'efficacité des passes à poissons construites sur la Vesdre, en faisant le choix de deux espèces de poissons potamodromes n'étant pas à proprement parler des migrateurs, les barbeaux et les chevesnes. Les poissons migrant sur des longues distances comme le saumon ou l'anguille ont aussi développé dans l'évolution des capacités avancées de franchissement d'obstacles, naturels ou artificiels (puissance de saut et de nage pour le saumon, capacité de reptation sur parois assez verticales pour l'anguille). Ce n'est pas forcément le cas d'autres d'espèces. Or, il peut être intéressant de favoriser la diversité des populations de poissons en différents points de la rivière, sans se limiter aux grands migrateurs. 

Voici les résultats du suivi radiométrique des barbeaux et chevesnes:

"Trente-huit barbeaux (Barbus barbus; moyenne: 508 mm, 2133 g) et sept chevesnes (Squalius cephalus; moyenne: 372 mm, 935 g) ont été capturés par la pêche électrique en surveillance des passes à poissons et ont été équipés par des étiquettes RFID et / ou radio-émetteurs. Ils ont été transférés en aval de trois passes migratoires différentes (bassins de type naturel, rampe en enrochement et bassins de type technique). Des antennes de détection connectées à des récepteurs automatiques ont été placées en aval et en amont de chaque passe migratoire pour évaluer la vitesse d'approche, les efficacités de passage globales et ajustées, les retards de passage, la température, les dates et la période. Les meilleures performances de passage et les meilleurs délais de passage ont été observés pour la passe migratoire de la rampe en enrochement (88%; 9 h temps médian pour passer) par rapport aux structures à bassins (47 et 73%; 94 et 144 h de temps médian pour passer, respectivement). L'efficacité de passage globale était de 18,2 et 29,4% pour deux passes successives et de 18,2% pour trois passes. Les passages se sont produits principalement pendant les périodes d'obscurité à des températures médianes de 14°C (barbeau) et 12,3°C (chevesne), et dans des conditions d'écoulement très variables. Cette étude a mis en évidence le taux de réussite du rétablissement de la continuité écologique de la Vesdre grâce à la construction d'ouvrages de passage à poissons améliorés."

Les chercheurs précisent que les poissons ayant réussi à franchir un obstacle tendent aussi à réussir rapidement le franchissement des autres : "Fait intéressant, les individus qui ont réussi à passer deux ou trois passes successives l'ont fait dans un laps de temps très limité (48 h), ce qui peut être le résultat de l'expression de personnalités comportementales, avec l'existence potentielle d'indices plus proactifs / intrépides (Conrad et al 2011; Renardy et al 2020) et/ou reflètent simplement une motivation physiologique plus élevée pour atteindre la zone de frai."

Enfin, dans leur conclusion, les auteurs de l'étude observent qu'il reste des inconnus pour évaluer le rapport coût-avantage des ces investissements écologiques : "La relation entre le coût et l'avantage écologique est un point de considération important pour les projets de restauration des rivières, mais une question est difficile à se poser: combien d'individus doivent traverser une passe migratoire pour atteindre les objectifs écologiques et assurer la viabilité de la population (Birnie-Gauvin et al.2019)? On peut raisonnablement penser que des performances de passage faibles ou moyennes constituent une amélioration (effets de flux génique, reconnexion de métapopulation) par rapport à l'absence de connexions, mais il est encore compliqué d'évaluer le gain démographique pour une population issu de l'amélioration ou de la restauration du passage des poissons. On en sait relativement peu sur l'effet de la restauration du continuum longitudinal pour les poissons de rivière, en particulier dans les habitats dégradés et réhabilités, malgré son importance cruciale pour la distribution des espèces, le renouvellement des espèces et la recolonisation (Tummers et al 2016)."

Discussion

Nos voisin belges semblent avancer pour le moment sur la question de la continuité écologique avec davantage de prudence et de sagesse que les gestionnaires publics français. On observe ainsi que c'est après avoir supprimé les pollutions chimiques des cours d'eau que l'amélioration de la circulation des espèces ou de la morphologie des lits y est envisagée. On observe également que la destruction des ouvrages en vue de la renaturation n'est pas l'option que l'on tente d'imposer aux maîtres d'ouvrage et aux riverains. Mickael Ovidio et d'autres collègues avaient démontré dans un précédent travail que les ouvrages anciens des moulins ne représentaient pas des obstacles majeurs pour la migration de truites et d'ombres (Ovidio et al 2007).

Il est à peu près acquis que les gestionnaires publics ne parviendront pas à contraindre à la destruction de tous les ouvrages des rivières, tant en raison de leur attachement exprimé par les populations locales qu'en raison des services écosystémiques qui leur sont attachés. Il serait donc temps de sortir du logiciel de la renaturation ou du re-ensauvegment, qui mobilise une bonne part des fonds en recherche appliquée de restauration écologique, pour examiner les solutions de franchissement apportant des bénéfices à des compartiments biologiques, notamment les poissons, tout en préservant les avantages des sites. Cela fait partie de la "continuité apaisée" : montrer que l'on se dirige vers une écologie sociale inclusive acceptant la  nature hybride des cours d'eau, et non que l'on se braque sur une écologie étatique punitive du retour forcé à une hypothétique nature sauvage sans humain.  

Référence : Ovido M et al (2020), Evaluation of the performance of successive multispecies improved fishways to reconnect a rehabilitated river, Wetlands Ecology and Management, 28, 641–654

A lire aussi

Les passes à poissons peuvent être fonctionnelles avec de faibles débits (Wolter et Schomaker 2019)

Les poissons se plaisent dans les rivières de contournement (Tamario et al 2018)

Quand les saumons franchissent un seuil de moulin... en évitant les passes à poissons! (Newton et al 2017)

20/09/2020

Les citoyens de Collias se mobilisent pour préserver les moulins menacés d'expropriation et destruction

Une enquête publique est ouverte sur la commune de Collias du 17 septembre au 2 octobre, avec pour projet notamment la démolition de deux moulins à eau de l’Alzon. Les riverains et l'association de protection du patrimoine sont vent debout contre ce projet qu'ils jugent aberrant et rempli de contre-vérités. Dans le Gard comme ailleurs, les factions au service de la destruction des ouvrages hydrauliques n'ont pas bien compris le message qui monte au bord des rivières et des biefs. Alors mobilisez-vous pour leur crier un peu plus fort: les casseurs, ça suffit! 

Sauvons le barrage de Collias!

On nous dit qu’au nom du principe de la continuité écologique des rivières, votée par l’Europe, et pour faire remonter les poissons migrateurs comme les aloses, les lamproies, et les anguilles, nous devons araser sur 25 mètres le seuil de Collias. Un décret signé par Edouard Philippe le 30 juin dernier donne le coup de grâce à nos barrages.

Nous nous opposons catégoriquement à cette casse du barrage et on va vous dire pourquoi :

-les aloses remontaient dans les années 1970 en aval du barrage de Collias. Elles ont disparu mais évidemment ce n’est pas ce seuil qui est en cause, car elles ne l’ont que rarement franchi. Ces aloses se reproduisent en avril et mai dans les rivières. Faut-il les laisser remonter en amont du seuil de Collias, au risque de les voir piégées dans des trous d’eau du Gardon à sec en début d’été ? D’ailleurs les aloses ne remonteront pas ce seuil car elles ne sont pas très vigoureuses et elles s’épuisent au bout de deux ou trois remontées de barrages, même équipés de passes à poissons. Quant aux anguilles, elles ont toujours remonté ce seuil et se trouvent en quantité en amont de Collias.

- la destruction du seuil impliquerait la disparition en amont, en période d’étiage, du plan d’eau existant qui s’étend des Tinières à l’Oseraie, lieu de prédilection de la faune qui aime les eaux calmes, comme certains poissons et les castors. La baisse du niveau du Gardon de 1 mètre en amont du feu barrage va permettre son franchissement facilement et les promeneurs vont pouvoir coloniser la rive droite, avec les feux, poubelles et d’incivilités qu’on constate en rive gauche. Les castors qui se sont réfugiés en rive droite ne pourront plus bénéficier de la tranquillité à laquelle ils aspirent. De plus 12 de leurs 13 terriers vont être exondés. Au moment où on crée un musée du castor à Collias, qui a couté très cher, on élimine le lieu de vie privilégié du castor dans ce même village. C’est une dégradation de la biodiversité et également du patrimoine du village par suppression de l’aspect paysagé que constitue ce plan d’eau.

- cet arasement du seuil entrainera une baisse du niveau d’eau dans les gorges sur deux kilomètres cinq en période d’étiage. On sait qu’avec le changement climatique le niveau d’eau des rivières va s’effondrer. Faut-il accélérer ce mouvement, faire du Gardon un toboggan à lessivage d’effluents mortifères?

- influence sur le niveau de captage d’eau du village, par baisse de l’eau de la grotte de Pâques et possible abaissement de la nappe phréatique. On sait qu’un forage plus profond devrait compenser cette perte, mais pourquoi refaire un captage qui alimentait le village depuis une centaine d’année ?

-accélération du courant du Gardon en période de crue car plus le Gardon ressemblera à un couloir plus vite ira son flux.

- perte de la possibilité d’une production hydroélectrique. Même si cette production n’est pas importante les petits courants forment de grandes rivières, et à l’heure où on prône la production d’énergie localement, faut-il avancer dans le sens de l’histoire ou lui tourner le dos?

-vidange des sédiments situés en amont du barrage avec peut-être siphonnage de la rivière (car le massif karstique est troué, fissuré, et les sédiments colmatent ces failles en rendant le fond étanche).

-Les seuils de Remoulins, Bonicoli, Montfrin, Comps, Callet et Beaucaire ont tous été faits au moyen de financements extérieurs aux villages (état, agence de l’eau Rhône Méditerranée, compagnie nationale du Rhône, la région, le département). Ces seuils ont été refaits avec des passes à poissons. Le seuil et la passe à poissons de Remoulins construite en 2007 va devoir être refaite une deuxième fois. 

Nous demandons à Collias le même traitement que pour toutes les autres communes, c’est à dire la réfection du seuil avec une passe à poissons au moyen d’un financement extérieur à la commune.

Contactez les amis du patrimoine de Collias pour agir

Rappel pour l'organisation des luttes

> Les parlementaires doivent être saisis des problèmes, avec demande d'interpellation de la ministre de l'écologie à ce sujet. Le gouvernement prétend depuis 2018 à la continuité apaisée alors que le principal motif de trouble public (pression à la casse et assèchement des moulins, étangs, plans d'eau, canaux, biefs) n'a jamais cessé. Les services administratifs persistent à menacer et détruire partout; les agences de l'eau refusent les financements à taux plein des solutions douces, par pure idéologie; l'office français de la biodiversité refuse de faire des analyses complètes et objectives de la diversité faune-flore et des fonctionnalités des sites; les bureaux d'études mènent des dossiers "à charge" en omettant tous les éléments d'intérêt des ouvrages. La ministre et les parlementaires doivent trancher sur cette réforme complètement ratée qui pourrit la vie des rivières depuis 10 ans déjà : chaque cas local doit être l'occasion de le leur rappeler. 

> Les éléments probatoires pour le futur contentieux doivent être rassemblés sans attendre (témoignages, photographies, analyses par des naturalistes, hydrologues, historiens etc.). Outre les erreurs procédurales fréquentes dans ces chantiers, une destruction de site peut s'attaquer en justice pour les motifs suivants, prévus dans la loi : disparition de milieux aquatiques et humides ; menace sur la ressource en eau, notamment à l'étiage ; menace sur des espèces et/ ou habitats protégés ; mise en cause des droits des tiers, notamment la sécurité ; atteinte au patrimoine culturel classé ou en périmètre de classement.

> Les riverains doivent être mobilisés et attentifs pour exiger de l'Etat l'attente de l'avis de la justice (certains n'hésitant pas à tout casser sans attendre l'avis du juge, pour mettre les citoyens devant le fait accompli). 

> Nous conseillons de rejoindre la coordination nationale Eaux & rivières humaines, qui rassemble tous les collectifs et associations excédés des dérives de l'administration. Il s'agit de faire cesser au plus vite cette dégradation sans précédent de l'héritage historique, du patrimoine social et de l'avenir écologique des rivières et bassins versants du pays.